La saison 2024/2025 s’annonce comme l’une des plus difficiles pour l’industrie du blé en France. Le pays, qui se classe parmi les six premiers exportateurs mondiaux de blé, fait face à une conjoncture particulièrement défavorable. Alors que les exportations ont chuté de manière spectaculaire, plusieurs facteurs expliquent cette débâcle, avec en tête une récolte catastrophique, un boycott décidé par l’Algérie et une concurrence accrue de la part de la Russie. Cette situation met en lumière les défis économiques et politiques auxquels la France se trouve confrontée dans un secteur clé de son agriculture.
Les prévisions de FranceAgriMer, l’organisme français chargé des statistiques agricoles, révèlent une chute vertigineuse des exportations de blé. Pour la saison actuelle, les exportations ne devraient pas dépasser 3,5 millions de quintaux, un chiffre qui représente seulement un tiers des exportations de l’année précédente. Ce volume est le plus faible observé depuis plusieurs décennies, un fait inquiétant pour l’économie française, qui dépend en partie de ses exportations agricoles.
Une des causes majeures de cette chute est une récolte particulièrement décevante. Les conditions climatiques ont été largement responsables de cette débâcle. Des pluies incessantes ont affecté la qualité du blé et ont conduit à la plus faible récolte de blé tendre depuis les années 1980. En plus de la quantité réduite, la qualité mixte de la récolte complique l’accès aux marchés internationaux, car le blé français ne répond plus aux critères stricts de certains pays consommateurs.
À cela s’ajoute un autre facteur important : le boycott de l’Algérie. Depuis plusieurs mois, l’Algérie a pris la décision de ne plus importer de blé français en raison de tensions politiques, notamment en raison du soutien de la France à l’initiative marocaine d’autonomie pour le Sahara. Un désaveu qui s’est traduit par une baisse considérable des exportations françaises vers ce pays, un marché historiquement important pour le blé français. Selon l’agence Reuters, la France n’a expédié qu’une seule cargaison de blé en Algérie, contre plusieurs millions de tonnes les années précédentes. Ce revers est d’autant plus significatif que l’Algérie était l’un des principaux acheteurs de blé français, et cette situation laisse un vide difficile à combler pour les producteurs.
Mais la concurrence ne se limite pas seulement aux différends diplomatiques. Le blé français se heurte également à une forte concurrence de la part de la Russie, l’un des plus grands producteurs mondiaux de blé. La Russie a réussi à capter une part croissante du marché international, y compris des marchés traditionnels de la France comme le Maroc. Ce dernier pays, qui représentait un autre débouché important pour le blé tricolore, a décidé de diversifier ses sources d’approvisionnement et de se tourner davantage vers la Russie. Selon un responsable marocain de la minoterie, la France ne dispose pas des volumes nécessaires pour répondre à la demande du marché marocain, et le pays a donc choisi de se tourner vers des alternatives plus fiables, comme la Russie, qui offre des prix compétitifs et une disponibilité accrue.
Cette évolution met la France dans une position délicate, car elle perd des parts de marché importantes dans une industrie stratégique. En 2023, les récoltes touchées par des conditions météorologiques défavorables avaient déjà conduit à une réduction de la croissance de 0,2 point, selon les données de l’office national des statistiques. Le secteur agricole, déjà fragilisé par des rendements inférieurs à la normale, se retrouve désormais confronté à des enjeux géopolitiques et commerciaux qui compliquent davantage la situation.
Pour la France, cette chute des exportations de blé n’est pas seulement un problème agricole, mais aussi un défi économique majeur. La baisse des exportations aura des répercussions sur les revenus des agriculteurs, mais aussi sur l’économie dans son ensemble. L’industrie du blé fait partie intégrante de l’agriculture française, et la perte de marchés clés comme l’Algérie et le Maroc pourrait entraîner une révision à la baisse des objectifs de production et de croissance pour les années à venir.
Ainsi, alors que la France cherche à s’adapter à ces nouvelles réalités économiques et diplomatiques, elle devra faire face à des défis croissants pour préserver sa position de leader dans le secteur mondial du blé. Les tensions diplomatiques, le changement des habitudes de consommation à l’international, ainsi que la concurrence féroce des pays producteurs comme la Russie, obligeront la France à repenser ses stratégies d’exportation et à rechercher de nouveaux partenariats pour relancer son secteur.
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