Le parcours de Zohra S., une Algérienne arrivée en France à l’âge de 59 ans, met en lumière la réalité souvent silencieuse, douloureuse et complexe que vivent de nombreuses personnes sans-papiers dans le pays. Son récit, livré avec sincérité, dévoile une succession d’épreuves qui ont façonné son quotidien depuis son départ d’Algérie. Cette Algérienne raconte avoir quitté son pays au début de l’année 2017, poussée par un conflit familial né après la mort de son père. Confrontée à des tensions qui l’ont fragilisée, l’Algérienne explique avoir cherché refuge chez sa sœur installée à Lyon, estimant qu’il s’agissait là d’une solution temporaire en attendant de trouver un travail, même si elle savait que son statut de sans-papiers compliquerait chaque démarche.
Dans ce témoignage qu’elle confie à Libération, cette Algérienne revient sur ce qu’elle qualifie d’une transition brutale : la découverte d’une vie étrangère, sans repères, sans droits et surtout sans les papiers nécessaires à une stabilité minimale. Elle raconte être arrivée avec le souhait de subvenir seule à ses besoins, un objectif devenu rapidement difficile à atteindre en raison de son statut de sans-papiers. La réalité administrative l’a rattrapée dès ses premiers mois en France, la contraignant à se tourner vers des activités non déclarées pour survivre.
L’année 2019 marque un tournant dans son parcours. Une proposition d’emploi à Calais, reçue comme une promesse d’avenir, l’amène à accepter un poste de femme de chambre dans un hôtel. Selon l’Algérienne, l’employeur lui aurait garanti de régulariser sa situation. Cette Algérienne devenue travailleuse invisible raconte alors des journées extrêmement chargées, où elle effectuait du nettoyage, de la lessive, la formation de nouvelles recrues, des travaux ponctuels de rénovation ou encore la préparation de repas, le tout en étant sans-papiers et rémunérée uniquement 300 euros par mois. Elle souligne que l’employeur lui fournissait une chambre et un document valorisant ce logement à 450 euros, laissant entendre qu’elle devait se sentir redevable malgré son statut de sans-papiers qui la privait de tout recours.
Au bout de quatre années de travail intense, l’employeur change de comportement, devenant agressif et créant un climat insupportable. Cette Algérienne raconte être partie du jour au lendemain, sans rien emporter d’autre qu’une angoisse croissante et la peur habituelle qui hante les personnes sans-papiers en France. Elle se retrouve à dormir dans la rue, puis chez des amis, avant de retourner à Lyon chez sa sœur. Des nuits passées dehors, des déplacements dans la crainte, et un quotidien où la fragilité domine. Les contrôles de police deviennent pour cette Algérienne sans-papiers des moments redoutés, chaque déplacement lui donnant l’impression de risquer l’expulsion.
L’instabilité, toutefois, ne l’empêche pas de chercher un lien avec la société qui l’entoure. Cette Algérienne confie que le bénévolat au Secours catholique lui a donné un souffle nouveau, une manière de rompre la solitude qui frappe de nombreuses personnes sans-papiers. Elle y accueille des femmes, sert du café, distribue des repas et assure souvent la traduction pour celles qui ne maîtrisent pas la langue. Cette activité bénévole devient pour elle un ancrage, une façon d’exister socialement malgré son statut de sans-papiers qui lui interdit de travailler légalement.
Souffrant aujourd’hui de problèmes cardiaques, cette Algérienne explique être passée récemment par l’hôpital, une étape qui l’a fragilisée davantage. À 59 ans, cette Algérienne espère désormais une seule chose : un logement stable, un endroit où elle pourrait enfin vivre à l’abri de la peur qui accompagne les sans-papiers. Actuellement hébergée chez deux amies à Calais, elle dit que ses journées oscillent entre le besoin de se reconstruire et l’incertitude permanente liée à son statut de sans-papiers en France.
Son témoignage révèle un parcours marqué par l’isolement, la vulnérabilité, l’exploitation, mais aussi la résilience. Cette Algérienne raconte une vie bloquée entre deux mondes : celui qu’elle a quitté et celui qui lui refuse les droits les plus élémentaires tant qu’elle reste sans-papiers. À travers son récit, ce sont des milliers d’histoires similaires qui résonnent, rappelant que derrière chaque Algérienne ou Algérien devenu sans-papiers, il existe un vécu fait d’efforts, de sacrifices et d’une lutte quotidienne pour exister dignement.