Depuis plusieurs semaines, une rumeur persistante circule sur les réseaux sociaux et alimente les discussions : l’État français s’apprêterait à confisquer l’épargne de ses résidents, y compris celle des Algériens vivant en France. Un bruit de couloir qui a pris une ampleur considérable, provoquant des vagues d’inquiétude parmi les épargnants, certains allant jusqu’à envisager de retirer leurs fonds des banques. Mais qu’en est-il réellement ? Le gouvernement français a-t-il effectivement un projet visant à ponctionner les comptes des particuliers ?
Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, a pris la parole pour mettre un terme à ces spéculations. « Il n’y a aucun projet de confiscation de l’épargne des Français. Nous n’allons pas exproprier les Français. Nous n’allons pas prendre leur argent et leur dire de force “que vous le vouliez ou non, vous allez vous retrouver investisseur de telle ou telle entreprise de défense” », a-t-elle déclaré sur France Inter. Une affirmation qui vise à rassurer et à dissiper les craintes alimentées par des interprétations erronées.
Tout est parti d’une proposition d’Emmanuel Macron qui, dans un contexte de tensions géopolitiques et d’efforts budgétaires, a évoqué la possibilité de créer de nouveaux produits d’épargne destinés à financer la défense nationale. Immédiatement, des déformations de cette idée ont circulé, laissant entendre que l’État allait directement ponctionner les comptes des Français. Pourtant, le ministère de l’Économie a fermement démenti cette hypothèse, affirmant qu’aucune mesure coercitive ne serait prise.
Les Algériens résidant en France, nombreux à disposer d’épargne sous différentes formes (livrets, comptes bancaires, assurances vie), se sont particulièrement inquiétés. Certains forums et groupes de discussion ont relayé des messages alarmants, incitant à retirer ses fonds et à les transférer vers des banques à l’étranger. « Je préfère ne pas prendre de risques, j’ai commencé à retirer mon argent et à l’envoyer en Algérie », raconte Karim, un entrepreneur établi à Marseille. D’autres, plus sceptiques, ont attendu un démenti officiel avant de prendre une décision.
Ces craintes ne sont pas nouvelles. Depuis plusieurs années, la question de la gestion de l’épargne en France suscite des interrogations, notamment avec l’augmentation des dépenses publiques et les débats sur les différentes formes de fiscalité. En période de crise, l’idée d’une participation citoyenne par le biais de l’épargne revient régulièrement dans les discussions gouvernementales, mais jamais sous la forme d’une spoliation des biens des particuliers.
D’un point de vue légal, il est pratiquement impossible pour l’État de confisquer unilatéralement l’épargne privée. Toute mesure de ce type irait à l’encontre des principes fondamentaux du droit de la propriété et des libertés économiques garantis par la Constitution française et les traités européens. Les seuls cas où l’État peut intervenir directement sur les avoirs des citoyens concernent des situations extrêmes, comme des sanctions judiciaires ou des mesures de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Toutefois, la propagation rapide des fake news et des théories du complot a largement contribué à l’anxiété ambiante. Certains youtubeurs et influenceurs ont relayé des vidéos dans lesquelles ils alertent sur une supposée confiscation imminente. Une manipulation qui, selon les experts en communication, repose sur un mécanisme bien connu : jouer sur la peur pour inciter à des réactions impulsives.
Face à cette agitation, le gouvernement tente d’apaiser les tensions. Des économistes et des analystes financiers ont pris la parole pour expliquer les réels enjeux de la proposition présidentielle. Il s’agit non pas d’une confiscation, mais d’une incitation à investir volontairement dans des fonds qui pourraient bénéficier à l’industrie de la défense. En d’autres termes, les épargnants resteront libres de choisir s’ils souhaitent y participer ou non.
Malgré tout, la méfiance demeure. Les résidents en France, et en particulier les Algériens établis dans l’Hexagone, restent prudents face à toute annonce touchant à leur épargne. Certains préfèrent diversifier leurs placements, voire envisager des alternatives à l’étranger pour mettre leurs économies à l’abri de toute décision gouvernementale future. Pour l’instant, aucun dispositif contraignant n’a été mis en place, et les déclarations officielles visent à garantir la liberté des épargnants.
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