Une rumeur pour le moins surprenante agite les réseaux sociaux et les discussions au sein de la diaspora algérienne en France. Selon cette affirmation relayée massivement ces dernières heures, une nouvelle mesure entrerait en application dès le 1er juin prochain. Elle concernerait spécifiquement les ressortissants algériens résidant en France et prévoyant des voyages répétés en Algérie. Le principe évoqué par cette rumeur est aussi simple que controversé : au bout de trois voyages effectués vers l’Algérie, un individu serait automatiquement fiché dans une base de données, et à compter du quatrième voyage, il pourrait faire l’objet de contrôles renforcés à son retour sur le territoire français.
Le message circule avec insistance, souvent sous forme de captures d’écran, de vidéos virales ou de publications alarmistes, affirmant que cette mesure serait motivée par des préoccupations sécuritaires ou fiscales. D’après les contenus partagés, les services de l’immigration ou les douanes françaises mettraient en place un système de surveillance accru à l’encontre des Algériens identifiés comme « récidivistes » de voyages entre la France et l’Algérie, ce qui laisse entendre une volonté de ciblage particulier envers une communauté précise. Le texte circulant en ligne mentionne explicitement que cette politique de « fichage » démarrerait dès le premier jour de juin, sans publication officielle ni appui réglementaire à l’appui de cette prétendue décision.
À la lecture de cette rumeur, plusieurs éléments soulèvent instantanément des doutes légitimes. Aucun communiqué des autorités françaises, qu’il s’agisse de la direction générale des douanes ou du ministère de l’Intérieur, ne fait mention d’un quelconque changement réglementaire en lien avec les déplacements des binationaux ou des ressortissants étrangers vers leurs pays d’origine. Aucun décret, arrêté ou note administrative ne vient étayer ce qui s’apparente de plus en plus à une fausse alerte, exploitant les inquiétudes latentes d’une partie de la population face aux questions migratoires et au climat sécuritaire.
Ce n’est pas la première fois qu’une information de ce type se propage sur Internet et crée un climat d’inquiétude. Les réseaux sociaux fonctionnent souvent comme des catalyseurs de peur, où la viralité d’un message prend le pas sur sa véracité. Le format court et percutant de ces publications, couplé à un vocabulaire alarmant et à une date butoir imminente, contribue à leur propagation rapide. Les internautes, souvent mal informés ou peu méfiants, relaient sans vérification des contenus qui, pourtant, reposent sur des bases extrêmement fragiles, voire inexistantes.
Dans ce cas précis, aucune source institutionnelle ne confirme l’existence d’une mesure ciblant spécifiquement les Algériens en fonction de la fréquence de leurs allers-retours avec leur pays d’origine. Aucun élément concret ne vient non plus corroborer l’hypothèse selon laquelle le nombre de voyages vers l’Algérie pourrait constituer un critère de suspicion administrative ou douanière. La pratique des voyages fréquents, notamment pour rendre visite à la famille, pour des raisons personnelles ou professionnelles, est commune au sein de nombreuses communautés issues de l’immigration, et ne saurait à elle seule déclencher une procédure de fichage, sauf dans le cadre d’enquêtes judiciaires ciblées.
Le risque principal que pose cette rumeur réside dans le climat de méfiance qu’elle installe entre les citoyens et les institutions. Elle nourrit une perception de surveillance discriminatoire, sans fondement légal, qui pourrait dissuader certains de voyager ou d’entretenir des liens réguliers avec leur pays d’origine. Elle alimente également un sentiment d’injustice chez ceux qui, vivant et travaillant légalement en France, craignent d’être injustement assimilés à des profils à risque en raison de leurs origines.