Le couperet va tomber le 1er août 2025. Le Livret A, placement chouchou des Français mais aussi de nombreux Algériens établis en France, va voir son taux d’intérêt sérieusement raboté. C’est une réalité désormais confirmée par les derniers chiffres de l’Insee sur l’inflation du mois d’avril, publiés le 30 avril. La tendance est claire : la hausse des prix ralentit fortement, avec un taux plafonnant à seulement 0,8 % en avril, après un 0,7 % en février et mars, et 1,6 % en janvier. Une baisse qui réjouira sans doute les consommateurs à court terme, mais qui vient grignoter le rendement des produits d’épargne réglementés. Et le Livret A n’échappe pas à la règle.
Détenteurs d’un Livret A, ils sont environ 57 millions en France à y avoir placé tout ou partie de leur épargne. Parmi eux, une part non négligeable d’Algériens résidant dans l’Hexagone, souvent attachés à cette formule à la fois défiscalisée et sécurisée. Mais cette sécurité a un prix, et celui-ci va se traduire dès cet été par une perte sèche sur les intérêts perçus. Actuellement, le Livret A affiche un taux de 2,4 %, une rémunération qui faisait encore bonne figure face à une inflation modérée. Mais en raison du mode de calcul spécifique – basé pour moitié sur l’inflation annuelle moyenne hors tabac sur les six mois précédents et pour l’autre moitié sur les taux interbancaires à court terme (€ster) –, la baisse de ces deux indicateurs entraîne mécaniquement une révision à la baisse du rendement.
Ainsi, entre janvier et juin 2025, si l’inflation se maintient à 0,7 %, la moyenne atteindra difficilement 0,85 %. Les taux interbancaires, eux aussi en repli sous l’effet des décisions successives de la Banque centrale européenne, devraient avoisiner les 2,46 % sur la même période. En appliquant la formule de calcul en vigueur, le taux du Livret A se retrouverait à 1,70 % ((0,85 + 2,46)/2), soit une baisse de 0,7 point par rapport au niveau actuel. En comparaison, le taux était encore à 3 % jusqu’au 1er février 2025. Une chute brutale en moins de six mois.
Concrètement, cela signifie qu’un épargnant ayant un Livret A au plafond – fixé à 22 950 euros – percevra dès le mois d’août seulement 32,5 euros d’intérêts mensuels, contre 45,9 euros aujourd’hui. La perte mensuelle s’élève donc à 12,4 euros. Ce manque à gagner n’est pas anodin, notamment pour les foyers modestes qui s’appuient sur cette épargne comme une petite source complémentaire. Pour beaucoup d’Algériens établis en France, dont les revenus sont parfois limités et qui privilégient les placements sans risque, cette baisse peut donc représenter une réelle contrariété budgétaire.
Il resterait théoriquement la possibilité pour le gouvernement ou le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, de déroger à la règle de calcul et d’accorder un coup de pouce exceptionnel au taux du Livret A. Mais cette hypothèse semble peu envisageable dans le contexte économique actuel, où les autorités cherchent justement à freiner l’inflation et à assainir les finances publiques. Le maintien strict de la formule de calcul reste donc la perspective la plus crédible.
À l’approche de cette échéance, certains épargnants, dont les Algériens de France, pourraient être tentés de se tourner vers d’autres placements jugés plus rentables, bien que souvent plus risqués ou fiscalisés. Toutefois, pour les profils prudents et attachés à la stabilité, comme c’est le cas d’une grande partie de la communauté algérienne en France, le Livret A conserve malgré tout un attrait certain. Même amoindrie, sa rémunération reste exonérée d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux. Mais la réalité est là : dès le mois d’août, ce seront quelques dizaines d’euros en moins, chaque mois, pour des millions d’épargnants.