France : les chefs d’escale Air Algérie risquent désormais des sanctions

Air Algérie recrute chefs d'escale

Une décision prise par la compagnie aérienne nationale algérienne suscite désormais des remous entre Paris et Alger. Air Algérie impose une nouvelle règle stricte concernant l’embarquement des ressortissants algériens sous le coup d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), exigeant un laissez-passer consulaire (LPC), même pour les passagers disposant d’un document d’identité en cours de validité. Cette condition inédite bouleverse la procédure d’expulsion et suscite une vive réaction des autorités françaises, qui pourraient sanctionner les chefs d’escale Air Algérie.

Un rapport interne de la Police nationale française, révélé par le Journal du Dimanche, met en lumière cette nouvelle mesure appliquée par Air Algérie. Habituellement, les expulsions de ressortissants algériens s’effectuaient sur simple présentation d’un passeport ou d’une carte d’identité valide. Toutefois, la compagnie aérienne nationale Air Algérie exige désormais un document supplémentaire, délivré par les autorités consulaires algériennes en France. Une exigence qui complique considérablement l’application des OQTF, puisque l’obtention de ce laissez-passer repose sur l’acceptation des services consulaires algériens, qui peuvent décider de ne pas le délivrer.

Cette nouvelle exigence d’Air Algérie intervient dans un climat diplomatique déjà fragile. La question des expulsions des ressortissants algériens est un sujet récurrent de tensions entre les deux pays. En 2021, excédée par le faible taux de délivrance des laissez-passer consulaires, la France avait drastiquement réduit le nombre de visas accordés aux citoyens algériens. Ce bras de fer avait conduit à des négociations tendues, jusqu’à un rétablissement partiel des relations diplomatiques en 2023. Aujourd’hui, la nouvelle politique d’Air Algérie remet en cause ces avancées et ravive les frictions.

Air Algérie : les chefs d’escale risquent des sanctions

Le ministère de l’Intérieur français a immédiatement réagi à cette nouvelle contrainte en ordonnant aux responsables des aéroports de redoubler de vigilance. Désormais, lorsqu’un passager est refusé à l’embarquement par Air Algérie pour absence de LPC, les autorités exigent un document officiel justifiant ce refus. En cas de non-délivrance de ce justificatif, les policiers en charge de l’expulsion doivent relever l’identité du chef d’escale responsable, une mesure qui pourrait ouvrir la voie à des sanctions administratives.

Cette décision pourrait modifier considérablement la dynamique des expulsions. Pour les autorités françaises, elle représente un obstacle supplémentaire, risquant d’entraver la mise en œuvre des OQTF. Pour l’Algérie, elle pourrait être perçue comme une tentative de mieux encadrer le retour de ses ressortissants, en s’assurant que chaque expulsion se fasse dans des conditions contrôlées. Certains observateurs estiment que cette politique a peut-être été encouragée par le gouvernement algérien afin de ralentir le processus des renvois, au moment où le pays fait face à des défis économiques et sociaux majeurs.

Du côté des associations de défense des droits des immigrés, cette décision est accueillie comme un rempart supplémentaire contre des expulsions parfois controversées. Pour elles, ce sursis forcé pourrait permettre à certains ressortissants de mieux préparer leur défense et d’explorer des recours légaux. Cependant, du point de vue des autorités françaises, cette entrave pourrait entraîner de nouvelles tensions diplomatiques si aucune issue satisfaisante n’est trouvée rapidement.

Dans ce climat de crispation, les prochains jours seront cruciaux. Une rencontre entre diplomates des deux pays pourrait être organisée pour discuter de cette nouvelle directive et tenter d’apaiser les tensions. Si la France tente de faire pression sur l’Algérie pour obtenir un assouplissement de cette règle, Alger pourrait rester inflexible, mettant en avant sa souveraineté et sa volonté de mieux maîtriser le retour de ses ressortissants. En attendant, les chefs d’escale d’Air Algérie se retrouvent au cœur de cette bataille politico-administrative, exposés à de potentielles sanctions en cas de blocage prolongé des expulsions.

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