La tension diplomatique entre la France et l’Algérie connaît un nouvel épisode, cette fois impliquant directement la compagnie aérienne Air Algérie et ses commandants de bord. Dans un contexte déjà marqué par des tensions sur les questions migratoires, le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a laissé entendre que des sanctions pourraient être envisagées contre la compagnie nationale algérienne Air Algérie, y compris sur ses commandants de bord, accusant le pavillon national de freiner l’expulsion de ressortissants algériens en situation irrégulière sur le sol français.
Lors de son passage sur BFMTV-RMC, Bruno Retailleau a déclaré qu’il n’excluait aucune option et qu’une surveillance accrue serait exercée sur le respect des procédures d’expulsion par Air Algérie. « Je ne m’interdis rien. On peut vérifier les conditions dans lesquelles les commandants de bord respectent notre droit et les formalités administratives », a-t-il affirmé. Selon lui, la compagnie mettrait en place des exigences supplémentaires qui compliqueraient l’application des décisions françaises en matière d’éloignement des personnes en situation irrégulière. « J’observe qu’à Alger, ils ne s’en privent pas », a-t-il ajouté. Cette déclaration s’inscrit dans un cadre plus large de tensions diplomatiques, où la France tente d’exercer une pression accrue sur l’Algérie pour faciliter ces expulsions.
Une note interne émise à la mi-février par le ministère de l’Intérieur détaille la situation. Elle met en lumière une nouvelle exigence de la part d’Air Algérie, qui imposerait la présentation de laissez-passer consulaires même pour des passagers possédant des documents d’identité algériens en cours de validité. Cette démarche, jugée comme une entrave par les autorités françaises, constituerait une entorse aux accords entre les deux pays en matière de réadmission de ressortissants expulsés. En réponse, la France a mis en place des directives strictes pour ses services : toute demande de laissez-passer refusée par Air Algérie devra faire l’objet d’un écrit signé par le chef d’escale de la compagnie, ou à défaut, son identité devra être relevée.
Ce bras de fer entre Paris et Alger ne se limite pas à Air Algérie. Depuis plusieurs jours, la France durcit le ton sur la question migratoire avec l’Algérie, notamment en restreignant l’octroi de visas à certains dignitaires et en mettant en place des mesures de rétorsion ciblées. Le ministre de l’Intérieur a réitéré sa volonté d’appliquer une « riposte graduée », laissant entendre que des sanctions supplémentaires pourraient être mises en place si aucune avancée n’était constatée. Parmi les pistes évoquées, une surveillance accrue des opérations d’Air Algérie sur le territoire français, voire des restrictions plus sévères sur ses créneaux aériens.
Cette situation soulève également des interrogations quant à l’impact potentiel sur les relations économiques et humaines entre les deux pays. Air Algérie joue un rôle central dans les liaisons entre la France et l’Algérie, transportant chaque année des centaines de milliers de passagers, notamment une large communauté franco-algérienne. Toute mesure coercitive à l’encontre de la compagnie pourrait avoir des répercussions sur les voyageurs réguliers, entraînant d’éventuels retards, des annulations de vols ou une hausse des prix des billets.
De son côté, l’Algérie n’a pas officiellement réagi aux déclarations du ministre français. Toutefois, il est peu probable que cette nouvelle escalade soit bien accueillie à Alger, qui revendique régulièrement son indépendance en matière de politique migratoire et dénonce les pressions exercées par Paris. Ce différend vient s’ajouter à une série de tensions déjà existantes entre les deux pays, notamment sur les questions mémorielles, énergétiques et commerciales.
Si la question migratoire est un sujet sensible pour la France, elle l’est tout autant pour l’Algérie, qui voit d’un mauvais œil toute tentative d’imposer des décisions unilatérales. La coopération en matière de réadmission des migrants en situation irrégulière est un dossier délicat, qui nécessite des discussions diplomatiques approfondies. Pour l’heure, il semble que le bras de fer entre les deux pays soit loin d’être résolu, et la situation pourrait encore évoluer en fonction des prochaines annonces officielles des autorités algériennes.
En attendant, les commandants de bord d’Air Algérie se retrouvent malgré eux au cœur d’une affaire qui dépasse le simple cadre du transport aérien. Alors que la compagnie est régulièrement sollicitée pour assurer les expulsions, la mise en place de nouvelles exigences administratives suscite des crispations et soulève des interrogations sur l’avenir des relations franco-algériennes dans ce domaine. L’évolution de cette affaire sera scrutée de près, car elle pourrait avoir des répercussions non seulement sur les opérations d’Air Algérie en France, mais aussi sur l’ensemble des relations diplomatiques entre les deux pays.
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