C’est une annonce qui résonne comme un signal d’alarme dans le paysage économique : les douanes de la France ont révélé une aggravation notable du déficit commercial pour le mois de mars, avec un écart qui se creuse de 600 millions d’euros pour atteindre désormais 7,3 milliards d’euros. Cette nouvelle, rendue publique par les douanes ce mercredi, soulève de sérieuses interrogations sur la dynamique des échanges extérieurs du pays et souligne une nouvelle fois les fragilités structurelles de la France en matière d’exportations par rapport à ses importations.
Les douanes précisent que si les exportations ont certes progressé de 200 millions d’euros pour culminer à 51 milliards, cette amélioration reste insuffisante face à la poussée des importations qui, elles, ont bondi de 800 millions d’euros, atteignant un total de 58,3 milliards d’euros. En d’autres termes, malgré un certain dynamisme à l’export, la balance commerciale reste déséquilibrée, pénalisée par une dépendance toujours forte aux achats venus de l’étranger.
Autre point particulièrement préoccupant pour les douanes : la détérioration continue du solde énergétique. En mars, ce solde a enregistré une perte supplémentaire de 300 millions d’euros, le portant à 4,7 milliards. Les chiffres fournis par les douanes montrent que les importations énergétiques ont progressé de 200 millions d’euros, alors même que les exportations ont reculé de 100 millions. Cette évolution est en grande partie imputable aux variations de prix, puisque les exportations d’énergie ont chuté de 9,5 % en valeur, bien que les volumes aient grimpé de 5,7 %. À l’inverse, du côté des importations, la hausse des volumes de 5,3 % n’a pas été compensée par une baisse des prix de 2,4 %. Cette double dynamique conforte les douanes dans leur constat d’un déséquilibre énergétique encore tenace, dans un contexte mondial toujours marqué par la volatilité des marchés.
Au-delà du secteur énergétique, les douanes de la France observent également une dégradation du solde des produits manufacturés, qui perd 300 millions d’euros et atteint désormais un déficit de 4,3 milliards d’euros. Dans cette catégorie, ce sont principalement les biens d’investissement qui tirent le solde vers le bas, avec un déficit qui se creuse de 200 millions d’euros pour atteindre 1,8 milliard. Les biens intermédiaires et les biens de consommation, quant à eux, restent stables, affichant respectivement un déficit de 2,1 milliards et 600 millions d’euros. Ce tableau confirme, selon les douanes de la France, que le tissu industriel national reste fortement dépendant de l’extérieur pour ses approvisionnements et que la transition vers une production plus locale reste inachevée.
Le seul point d’éclaircie dans cette analyse sévère vient de la Banque de France, qui annonce un solde positif pour les transactions courantes. Après un déficit de 1,6 milliard d’euros en février, le mois de mars enregistre un excédent de 1,4 milliard d’euros, une correction nette qui pourrait atténuer temporairement les inquiétudes. Ce solde intègre non seulement les biens, mais aussi les services et les revenus, offrant une image plus globale des échanges économiques. Toutefois, même si cette donnée tempère partiellement le tableau dressé par les douanes, elle ne suffit pas à masquer l’alerte que constitue l’évolution du déficit commercial de la France. Les douanes insistent sur le fait que ces déséquilibres répétés, mois après mois, risquent de peser durablement sur la compétitivité du pays et sur sa capacité à résister aux chocs économiques internationaux.