Depuis plusieurs mois, la situation des étudiants algériens en France est marquée par une vive inquiétude face aux tensions diplomatiques entre Alger et Paris. L’annonce de la possible révision de l’accord franco-algérien de 1968, qui encadre le séjour et l’emploi des Algériens en France, a déclenché un vent de panique parmi ceux qui poursuivent leurs études dans l’Hexagone. Nombre d’entre eux redoutent un durcissement des conditions d’octroi de visa, du renouvellement des titres de séjour ou encore un accès plus restreint aux soins de santé.
« Je fais plus attention aux informations qui tombent dans l’actualité », confie à France 3 un étudiant en sciences économiques venu poursuivre ses études à Marseille. Comme lui, ils sont nombreux à suivre de près les évolutions de cette situation politique qui pourrait impacter leur avenir. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a récemment évoqué la nécessité de revoir certains accords avec l’Algérie, mettant ainsi en doute la pérennité de certains privilèges accordés aux Algériens par rapport aux autres ressortissants étrangers. L’accord de 1968 permet notamment un accès facilité au titre de séjour et des avantages dans le domaine du travail. Désormais, ces dispositions pourraient être remises en question, une annonce qui ne laisse pas les étudiants algériens en France indifférents.
La tension est encore montée d’un cran lorsque le Premier ministre François Bayrou a indiqué que la France donnerait à l’Algérie un délai de quatre à six semaines pour renégocier ces accords. Parmi les sujets les plus sensibles figure également la convention de 1980, qui permet aux Algériens de bénéficier d’une prise en charge des soins par la Sécurité sociale française. Sa suppression pourrait représenter un véritable casse-tête financier pour de nombreux étudiants. « Nous, étudiants étrangers, on ne peut pas bénéficier des bourses. Si en plus on nous retire la couverture santé, ce sera compliqué financièrement », confie une étudiante en management installée à Marseille depuis trois ans.
Des étudiants algériens en France partagent leur crainte
Une étudiante de 23 ans, installée à Marseille depuis deux ans, partage ses craintes : « En tant qu’étudiante algérienne en France, je ressens toujours une certaine inquiétude quand il y a des tensions politiques entre les deux pays. Cela peut impacter les démarches administratives, c’est-à-dire le renouvellement du titre de séjour, les visas, les frais de scolarité et même la restriction des conditions de travail plus que ça ne l’est déjà. » Certains envisagent même de chercher des alternatives dans d’autres pays européens si la situation venait à se durcir davantage.
Pour beaucoup, l’un des plus gros défis reste la question de l’insertion professionnelle. Un étudiant en finance témoigne des difficultés rencontrées : « Le renouvellement du titre de séjour, c’est une sacrée galère vu le nombre important d’Algériens. Et pour trouver des stages et des alternances, c’est encore pire : beaucoup d’entreprises préfèrent éviter la paperasse. Dès qu’ils entendent parler d’autorisations de travail ou de renouvellement de titres de séjour, ils sont réticents. » Cette réalité rend l’avenir encore plus incertain pour ces jeunes en quête de stabilité.
Un autre étudiant renchérit sur les contraintes économiques : « Beaucoup d’étudiants sont obligés de payer des sommes astronomiques à des écoles privées parce qu’ils n’ont pas pu trouver d’alternance ou de stage. Et sans certificat de scolarité, tu perds ton visa d’études, là c’est case retour au bled. » Ces préoccupations viennent s’ajouter à un coût de la vie déjà élevé, notamment dans des villes comme Paris ou Marseille, où les loyers et les frais du quotidien pèsent lourdement sur leur budget.
Malgré ces difficultés, certains tentent de garder espoir et de relativiser. « Si le risque est là, pour le moment rien n’a été mis en vigueur donc ça va, mais à l’avenir, c’est encore incertain », conclut un étudiant en master de finance. Toutefois, l’anxiété reste palpable parmi ceux qui ont choisi la France pour leur formation, et l’évolution des décisions politiques à venir sera scrutée avec une attention particulière.
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