Le Rassemblement national (RN), dirigé par Marine Le Pen, ne cache plus ses affinités avec le Maroc, particulièrement sur la question sensible de la « marocanité » du Sahara occidental. Cette alliance étonnante entre un parti extrémiste européen et le royaume marocain est mise en lumière dans une enquête publiée par L’Express ce vendredi 5 juillet, dévoilant des relations qui semblent aller à l’encontre des positions traditionnelles du RN contre les musulmans et l’immigration maghrébine.
Au Parlement européen, Thierry Mariani, eurodéputé du RN, se distingue par son soutien inconditionnel au Maroc. Le 19 janvier 2023, lors d’un vote au Parlement de Strasbourg sur une résolution appelant le Maroc à respecter la liberté d’expression et à garantir des procès équitables pour les journalistes emprisonnés, dont Omar Radi, Mariani s’empresse de défendre le royaume. Il critique la gauche européenne pour sa tolérance envers l’Algérie, grand rival du Maroc, et conclut sa plaidoirie en affirmant que « ce n’est pas au Parlement européen de s’essuyer les pieds sur la justice marocaine ».
Le mois suivant, une nouvelle résolution est votée pour contrer les tentatives d’ingérence étrangère au sein des institutions européennes, notamment à la suite des scandales « Marocgate » et « Qatargate » impliquant des cas de corruption. Là encore, Thierry Mariani vole au secours du Maroc, dénonçant une mesure « inutilement vexatoire » contre Rabat lors d’une interview avec le site marocain Le 360, connu pour son alignement sur les positions officielles du royaume.
Les liens entre le RN et le Maroc ne sont pas uniquement l’œuvre de Mariani. Jean-Claude Martinez, ancien vice-président du Front national (FN) et proche de Jean-Marie Le Pen, a joué un rôle clé dans la fondation de cette relation. Ancien directeur des études à l’École d’administration de Rabat et conseiller fiscal du roi Hassan II, Martinez continue de défendre ardemment le Maroc malgré son retrait des premières lignes du RN. En 2018, il critiquait vigoureusement un arrêt de la Cour européenne de justice favorable au Sahara occidental, démontrant ainsi son soutien indéfectible au royaume.
Éric Ciotti, président du parti Les Républicains (LR) et allié du RN, constitue un autre pilier de cette alliance. Pressenti pour devenir ministre de l’Intérieur en cas de victoire du RN aux élections législatives, Ciotti a affiché son soutien à la « marocanité du Sahara occidental » lors d’une visite au Maroc en mai 2023, aux côtés de Rachida Dati. Cette prise de position est en contradiction avec celle de son propre parti et de la France, soulignant encore plus l’étrangeté de cette alliance.
Enfin, Bernard Lugan, historien controversé et figure de l’extrême-droite française, est un autre acteur clé de cette relation. Connu pour ses thèses révisionnistes et ses positions extrêmes, Lugan utilise ses plateformes pour promouvoir les intérêts du Maroc en France et défendre la « marocanité » du Sahara occidental.
Cette convergence d’intérêts entre le RN et le Maroc, sur fond de soutien à la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, illustre une alliance inattendue et complexe. Elle révèle comment des intérêts géopolitiques peuvent transcender les idéologies politiques et créer des alliances surprenantes. Alors que le RN continue de promouvoir des positions fermement anti-immigration et anti-musulmanes en France, son soutien inconditionnel au Maroc pose des questions sur les véritables motivations et les intérêts cachés derrière cette alliance.
Les révélations de L’Express jettent une lumière nouvelle sur la politique étrangère du RN et ses relations avec des régimes étrangers, soulignant les paradoxes et les contradictions qui caractérisent souvent la politique internationale. Dans ce contexte, l’alliance entre le RN et le Maroc pourrait bien continuer à susciter débats et controverses, à mesure que les enjeux géopolitiques du Sahara occidental demeurent une question cruciale sur la scène internationale.
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