Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris, était l’invité politique sur Sud Radio et a abordé plusieurs sujets brûlants d’actualité, notamment les relations franco-algériennes, l’immigration et la question des Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF) vers l’Algérie. Interrogé par Jean-Jacques Bourdin, il a tenu à clarifier certains points tout en appelant à une approche plus équilibrée dans la gestion de ces dossiers sensibles.
Lors de son intervention, Chems-Eddine Hafiz a également évoqué le cas de Boualem Sansal, écrivain condamné en Algérie à cinq ans de prison et une amende de 500 000 dinars pour atteinte présumée à l’intégrité du territoire national. « Je le dis et je le répète, j’appelle de mes vœux la grâce de Boualem Sansal », a déclaré le recteur. Il a insisté sur l’état de santé fragile de l’écrivain ainsi que de son épouse, et souligné que la période du Ramadan, propice au pardon, pourrait être l’occasion idéale pour les autorités algériennes d’accorder leur clémence. « C’est un être humain, quoi qu’il ait dit, quoi qu’il ait fait, six mois de prison, c’est déjà trop pour lui », a-t-il ajouté.
Concernant le déroulement du procès de Boualem Sansal, il a rappelé qu’il s’était tenu devant le tribunal correctionnel et non devant une cour criminelle, ce qui témoignerait d’une certaine modération de la justice algérienne. Pour Chems-Eddine Hafiz, si l’écrivain ne fait pas appel, « il pourra bénéficier de la grâce présidentielle ». Il a exprimé son optimisme quant à l’issue de cette affaire en déclarant : « Je pense que le président Tebboune va décider de sa grâce. »
L’avocat de Boualem Sansal, François Zimeray, aurait-il été empêché de défendre son client en raison de sa confession juive ? Chems-Eddine Hafiz a catégoriquement rejeté cette hypothèse : « C’est faux. Personne, sous l’autorité du président Tebboune, n’a refusé son entrée parce qu’il est juif. » Il a expliqué que le premier refus de visa découlait d’un vice de procédure, l’avocat ayant été désigné par l’éditeur Gallimard et non par Boualem Sansal lui-même, ce qui contrevient aux règles du droit pénal algérien. Une seconde demande, cette fois en bonne et due forme, « n’a pas reçu de réponse mais n’a pas été refusée », a-t-il précisé.
Souhaitant défendre l’image du président Tebboune, qu’il affirme bien connaître, le recteur a cité l’exemple du chanteur Patrick Bruel, « de confession juive », qui a pu se rendre en Algérie avec sa mère grâce à l’intervention du chef de l’État. « On essaie de faire passer le président pour un antisémite, c’est injuste », a-t-il dénoncé.
L’un des sujets les plus sensibles abordés durant l’entretien fut la question des OQTF. La France reproche régulièrement à l’Algérie de ne pas accepter le retour de ses ressortissants en situation irrégulière. Un sujet particulièrement tendu après l’attentat de Mulhouse, qui a remis en lumière les difficultés d’application de ces mesures. Mais Chems-Eddine Hafiz a tenu à nuancer les accusations : « C’est un concours de circonstances malheureuses. » Il a rappelé que l’Algérie n’était pas la seule à ne pas toujours exécuter les OQTF et a pointé du doigt des erreurs dans la gestion administrative du dossier.
« Les OQTF vers l’Algérie auraient pu être respectées si l’on avait respecté les règles », a-t-il affirmé. Il a cité un cas précis : « On a mis quelqu’un dans un avion qui vit avec une Française, il a des enfants français. » Selon lui, ce type de décision mal gérée peut entraver la coopération entre les deux pays. Il a dénoncé une exagération systématique des critiques envers l’Algérie : « On force le trait dans tout ce qui concerne l’Algérie et les Algériens. »
Chems-Eddine Hafiz a plaidé pour une approche plus mesurée et concertée des relations franco-algériennes sur ces sujets épineux. « Aujourd’hui, on ne cherche pas l’apaisement », a-t-il regretté, appelant à un dialogue constructif entre les deux pays pour surmonter ces tensions et bâtir un climat de confiance mutuelle.
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