France : les transferts de devises vers l’Algérie désormais taxés à 1% ?

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Une nouvelle mesure en discussion au Parlement français suscite une attention particulière des deux côtés de la Méditerranée. Le projet de loi de finances pour l’année 2026, actuellement examiné à l’Assemblée nationale, comprend un amendement visant à instaurer une taxe de 1 % sur les transferts de devises effectués depuis la France vers les pays extérieurs à l’Union européenne. Si cette disposition venait à être adoptée, elle concernerait directement les transferts de devises entre la France et l’Algérie, deux pays historiquement liés par d’importants flux financiers.

Le texte précise que cette taxe de 1 % serait applicable aux transferts réalisés par des personnes physiques et non aux opérations ayant un caractère commercial, professionnel ou humanitaire. En d’autres termes, elle toucherait principalement les particuliers envoyant de l’argent à leurs familles ou proches établis à l’étranger. Selon les estimations présentées par les auteurs de la proposition, les transferts de devises depuis la France vers le Maghreb et le Sahel atteindraient un volume annuel proche de 10 milliards d’euros. Parmi les destinations les plus concernées figurent notamment l’Algérie, le Maroc et la Tunisie.

Les députés à l’origine de l’amendement justifient cette mesure par la nécessité, selon eux, de préserver la richesse produite sur le territoire français. Ils considèrent que ces transferts de devises représentent un manque à gagner pour l’économie de la France. Ainsi, l’idée serait d’instaurer un prélèvement symbolique mais significatif, directement sur le montant transféré, quel que soit le canal utilisé. La taxe s’appliquerait aussi bien aux transferts effectués par l’intermédiaire des banques qu’à ceux réalisés via des sociétés spécialisées ou des plateformes numériques agréées. Les transferts de devises effectués à destination des pays membres de l’Union européenne resteraient, quant à eux, exemptés de cette taxation.

Le texte ouvre toutefois la porte à certaines dérogations. Selon la proposition, le gouvernement français pourrait, par décret, accorder une exemption à certains pays coopérant activement avec la France dans la lutte contre l’immigration irrégulière. Aucune liste officielle n’a pour l’instant été communiquée, mais ce critère pourrait jouer un rôle central dans l’application sélective de la taxe sur les transferts de devises. La France attend encore les recommandations du ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique avant d’envisager une éventuelle mise en œuvre effective.

Cette mesure, si elle est adoptée, s’inscrira dans le cadre général du budget 2026 et pourrait entrer en vigueur dès le début de l’année suivante. Elle s’ajouterait aux dispositifs existants de contrôle des flux financiers internationaux, notamment ceux visant à lutter contre le blanchiment d’argent et le financement d’activités illégales.

Les réactions à cette proposition ont été immédiates au sein de la classe politique française. Certains parlementaires ont exprimé leur réserve, estimant que cette taxe pourrait pénaliser les travailleurs étrangers installés en France, qui envoient régulièrement une partie de leurs revenus à leurs proches dans leur pays d’origine. Les transferts de devises constituent, en effet, une aide vitale pour de nombreuses familles dépendantes de ces envois, notamment en Algérie, où l’argent envoyé depuis la France représente une source de revenus non négligeable pour des milliers de foyers.

Les associations issues de la diaspora algérienne en France ont également fait part de leurs inquiétudes. Selon elles, cette taxe de 1 % sur les transferts de devises pourrait décourager les envois réguliers et pousser certains expéditeurs à recourir à des circuits informels, échappant ainsi à tout contrôle. Elles soulignent que les transferts de devises entre la France et l’Algérie ont déjà diminué ces dernières années en raison de la hausse du coût de la vie en France, et qu’une nouvelle taxe risquerait d’aggraver cette tendance.

En Algérie, les observateurs économiques suivent attentivement l’évolution du débat parlementaire français. Les transferts de devises en provenance de la France représentent un soutien essentiel pour de nombreuses familles, mais aussi une source de devises précieuse pour l’économie nationale. Une éventuelle baisse de ces flux pourrait avoir des répercussions sur la balance des paiements et sur le pouvoir d’achat des ménages qui dépendent de ces revenus.

Si le projet venait à être validé, les transferts de devises entre la France et l’Algérie pourraient être directement impactés dès 2026. Pour le moment, le gouvernement français n’a pas encore tranché sur la question, mais le sujet continue d’alimenter les discussions à Paris comme à Alger. En attendant une décision officielle, les transferts de devises entre la France et l’Algérie demeurent un enjeu économique, social et politique de première importance.