France : l’OID s’attaque au marché noir des devises en Algérie

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En France, un nouveau rapport de l’Observatoire de l’immigration et de la démographie (OID) a récemment relancé le débat sur les transferts de fonds vers les pays d’origine, notamment vers l’Algérie. Ce document, publié au moment où les questions migratoires s’imposent dans la sphère politique, s’intéresse aux flux financiers sortants et à leur impact sur l’économie française. Selon cette note, les envois d’argent réalisés par les immigrés représenteraient une fuite massive de capitaux. Pour l’OID, ce phénomène aurait des répercussions directes sur la balance des paiements et sur le pouvoir d’achat interne. Le rapport cite particulièrement les envois à destination de l’Afrique du Nord et de l’Algérie, un pays où le marché noir des devises reste un acteur central dans les échanges monétaires parallèles, alimenté par des circuits informels difficiles à contrôler.

Entre 2009 et 2023, la France aurait enregistré une perte cumulée estimée à 155,5 milliards d’euros, selon les données reprises d’Eurostat. En 2023 à elle seule, le solde négatif s’élèverait à 15,8 milliards, soit près de la moitié du déficit européen. L’OID souligne que cette évolution est étroitement liée à la hausse des flux migratoires depuis la crise de 2015. En parallèle, la part des transferts dirigés vers l’Afrique représenterait plus de la moitié du total, dont une portion importante à destination de l’Afrique du Nord et, par ricochet, de l’Algérie. Ces transferts, bien que légaux dans la plupart des cas, sont souvent doublés de circuits parallèles, où le marché noir, les devises et l’Algérie s’entremêlent dans une économie informelle transnationale.

L’organisme évoque notamment les sommes échangées hors du système bancaire officiel. Ces transactions, difficiles à tracer, sont souvent réalisées par le biais du marché noir de la devise, un réseau qui s’est consolidé au fil des années, notamment entre la France et l’Algérie. En raison des restrictions monétaires imposées par les autorités algériennes et du contrôle rigide des changes, de nombreux transferts échappent aux circuits bancaires. Les devises en circulation transitent alors de manière clandestine, donnant naissance à un marché noir particulièrement actif. Ce dernier repose sur des intermédiaires qui assurent, contre commission, le passage de fonds entre les deux rives de la Méditerranée.

Selon la note de l’OID, les montants officiellement enregistrés, tels que les 1,7 milliard d’euros de transferts en 2023 recensés par la Banque mondiale, ne représenteraient qu’une partie de la réalité. Une proportion considérable de l’argent envoyé vers l’Algérie passerait par des circuits non déclarés. Ce marché noir des devises, lié à l’Algérie, fonctionne sur la confiance et les réseaux familiaux, sans traçabilité bancaire. En France, certains acteurs informels proposent de convertir l’euro en dinar à des taux bien plus avantageux que ceux des institutions officielles, alimentant ainsi un système parallèle qui échappe totalement au contrôle de l’État.

Ce phénomène n’est pas nouveau, mais il prend une ampleur préoccupante dans le contexte actuel de tensions économiques. Le marché noir des devises, en Algérie comme en France, reflète une double réalité : d’un côté, la méfiance envers les canaux bancaires officiels, et de l’autre, la volonté des diasporas de soutenir financièrement leurs proches malgré les contraintes administratives. L’OID, dans son rapport, met l’accent sur cette zone grise qui relie économie informelle et migration. Il affirme que ces échanges illégaux fragilisent la transparence des flux financiers internationaux et compliquent les efforts de régulation des autorités françaises et algériennes.

Derrière les chiffres, se dessine une mécanique complexe où les devises circulent librement, tandis que les États tentent de reprendre le contrôle. En Algérie, les limitations imposées sur la convertibilité du dinar encouragent malgré elles le recours au marché noir. En France, les transferts informels échappent aux statistiques et nourrissent un sentiment de défiance envers certaines communautés migrantes, souvent accusées sans preuve de détourner le système. L’OID, fidèle à sa ligne controversée, semble ainsi instrumentaliser les données économiques pour alimenter un débat sensible autour de l’immigration et de la souveraineté monétaire.