France : mauvaise surprise pour les retraités habitant en Algérie

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L’Agirc-Arrco, organisme chargé de gérer les retraites complémentaires obligatoires des salariés du secteur privé en France, a lancé une opération de contrôle d’ampleur inédite pour les retraités vivant à l’étranger, avec une attention particulière portée à l’Algérie. Pour rappel, l’Agirc-Arrco résulte de la fusion de deux régimes distincts : l’Agirc, destiné initialement aux cadres, et l’Arrco, couvrant l’ensemble des salariés. Ensemble, ces régimes complètent la retraite de base versée par la Sécurité sociale, en assurant un revenu supplémentaire calculé selon les salaires et les points acquis au cours de la carrière. C’est cette retraite complémentaire qui sera désormais vérifiée auprès de plus de 60 000 retraités en Algérie dès 2025, dans le cadre d’une procédure progressive s’étalant sur six ans.

Le principe de cette initiative est simple mais rigoureux : s’assurer que chaque bénéficiaire existe réellement. Pour ce faire, les retraités concernés recevront une convocation bancaire émise par une banque partenaire de l’Agirc-Arrco, les invitant à se présenter physiquement pour prouver leur existence. À défaut, le versement de la pension pourrait être suspendu. Bien que certaines procédures numériques, comme la reconnaissance faciale, soient possibles, la convocation physique demeure privilégiée, afin de garantir la fiabilité et l’authenticité de la vérification. Chaque présentation sur place permettra de confirmer que les pensions continuent de bénéficier aux personnes concernées et de prévenir toute forme de fraude ou d’abus.

L’Algérie figure parmi les pays prioritaires de cette opération, aux côtés du Maroc, de la Tunisie, de la Turquie, de l’Espagne, du Portugal, de l’Italie et de la Belgique. La présence d’un nombre significatif de retraités français dans le pays explique cette priorité. Chaque année, 16 % des retraités algériens seront contrôlés, soit environ 60 000 personnes, jusqu’à ce que l’ensemble de la population concernée soit couvert en six ans. Cette progression graduelle permet de limiter les perturbations et d’assurer que la procédure soit efficace et équitable pour tous les retraités.

Des tests pilotes menés précédemment, notamment en Afrique du Nord, avaient déjà révélé des problèmes : près de 25 % des pensions contrôlées ont été suspendues, pour des décès non déclarés ou des cas d’usurpation d’identité. Ces chiffres montrent l’importance de ces vérifications pour garantir l’exactitude des versements et la légitimité du système de retraite complémentaire. L’Agirc-Arrco et la CNAV (Caisse nationale d’assurance vieillesse) insistent sur le fait que la fraude reste minoritaire, mais que l’effet dissuasif de ces contrôles est essentiel pour maintenir la confiance dans le système.

Pour Renaud Vilard, directeur de la CNAV, « ce n’est pas un enjeu majeur en termes de finances publiques, mais ça va malgré tout renforcer la confiance dans le système ». L’opération ne se limite donc pas à un aspect financier : elle vise à protéger la légitimité des retraites, à garantir l’équité entre tous les bénéficiaires et à assurer une gestion transparente des fonds publics.

En Algérie, 97 % des convocations seront transmises via des banques locales mandatées par l’Agirc-Arrco. Cette organisation permet d’adapter la procédure aux réalités locales tout en assurant un suivi précis de chaque retraité. La combinaison des convocations physiques et des outils numériques, lorsque disponibles, reflète la volonté de concilier modernisation et fiabilité, en tenant compte des contraintes du pays.

Cette initiative constitue un tournant dans la lutte contre les abus à l’étranger et pourrait servir de modèle pour d’autres régimes si les résultats sont concluants. La vérification régulière des bénéficiaires assure non seulement la légitimité des versements, mais renforce également la crédibilité du système dans son ensemble. Elle illustre l’importance de maintenir une transparence totale et de protéger les droits des retraités tout en préservant l’équité et la confiance du public.