Menacée par Retailleau en France, la compagnie aérienne nationale algérienne, Air Algérie, réagit avec une grande prudence, choisissant de ne pas répondre directement aux accusations formulées par le ministre français Bruno Retailleau. Ce dernier avait dénoncé la position de la compagnie aérienne, l’accusant de refuser d’embarquer des ressortissants algériens sous certaines conditions, et a même évoqué la possibilité de sanctions à l’encontre de l’entreprise. Cependant, le PDG d’Air Algérie, Hamza Benhamouda, a préféré garder le silence sur cette affaire et a opté pour une communication axée sur le développement des activités de la compagnie, en annonçant notamment l’ouverture prochaine de nouvelles lignes aériennes.
Au cours de l’inauguration d’une nouvelle ligne aérienne de transport de marchandises reliant l’Algérie à l’Arabie Saoudite, M. Benhamouda a mis en lumière les projets de développement international d’Air Algérie, notamment l’ouverture de deux nouvelles lignes aériennes vers l’Europe et l’Afrique. La première de ces lignes reliera Alger à Abuja, la capitale du Nigéria, dès le mois d’avril. Cette nouvelle ligne s’inscrit dans la volonté de la compagnie d’étendre son réseau vers de nouvelles destinations internationales et de renforcer ses relations avec d’autres pays africains et du Moyen-Orient. Le PDG a également souligné que des études sont en cours pour relier l’Algérie à des destinations telles que New York aux États-Unis, tout en précisant que la compagnie renforcera ses liaisons avec l’Europe en ouvrant une ligne vers Amsterdam dès l’hiver prochain. En plus de ces nouvelles lignes, Air Algérie prévoit également d’augmenter ses vols vers Londres Stansted dès l’été prochain.
Malgré ces annonces ambitieuses, l’attention médiatique est restée centrée sur les déclarations du ministre français Bruno Retailleau, qui avait exprimé son mécontentement concernant les exigences de la compagnie aérienne algérienne. Selon Retailleau, Air Algérie impose désormais des exigences supplémentaires en matière de documents de voyage, en exigeant des laissez-passer consulaires même lorsque les ressortissants algériens disposent de pièces d’identité valides. «Désormais, la compagnie exige des laissez-passer consulaires même lorsque les individus prévus au départ sont détenteurs de pièces d’identité en cours de validité», a souligné le cabinet du ministre. Cette décision a été interprétée comme une violation des accords bilatéraux entre la France et l’Algérie, et le ministre français a souligné que de telles exigences ne respectaient pas les principes du droit international. De plus, Retailleau a mis en avant la possibilité de sanctions à l’encontre d’Air Algérie, menaçant la compagnie d’une révision des accords entre les deux pays.
Le ministre français a également remis en question la position de la France face à l’Algérie, se demandant pourquoi le pays semblait faire preuve de faiblesse en ne réagissant pas plus fermement à ces exigences. «Pourquoi est-ce que la France fait preuve d’une aussi grande faiblesse vis-à-vis de l’Algérie ?», a estimé Retailleau, ajoutant qu’il pensait qu’il était nécessaire de «poser un rapport de force» avec le pays nord-africain. Selon lui, la France pourrait avoir recours à plusieurs options pour exercer une pression sur l’Algérie, y compris la possibilité de «priver un certain nombre de personnalités, de la nomenclatura, de diplomates» des «facilités» dont ils bénéficient actuellement. Il a également évoqué la possibilité de «remettre en cause de façon plus générale des accords» entre les deux pays, soulignant que si l’Algérie ne respectait pas les accords, la France n’aurait pas à continuer de les respecter.
Face à ces menaces, Air Algérie a choisi de répondre en se concentrant sur ses projets de développement et en évitant de commenter directement les déclarations du ministre français. Le silence de la compagnie algérienne pourrait être perçu comme une stratégie visant à maintenir une position ferme sans se laisser entraîner dans un débat public qui pourrait nuire à son image. De plus, le PDG d’Air Algérie a tenu à rappeler l’importance de la coopération entre les deux pays dans le domaine aérien et a précisé que la compagnie continuera de respecter les accords internationaux tout en cherchant à développer son réseau de manière stratégique.
Les relations entre la France et l’Algérie, notamment dans le domaine aérien, sont souvent marquées par des tensions liées à des questions administratives, comme le cas des expulsions de ressortissants algériens. Ces tensions révèlent des divergences sur des sujets sensibles tels que les documents de voyage, les procédures d’expulsion et les accords bilatéraux. Les autorités algériennes ont souvent souligné que le pays ne pouvait pas accepter sur son sol des ressortissants expulsés de France sans un laissez-passer consulaire, soulignant l’importance du respect des procédures administratives et diplomatiques. Dans ce contexte, les relations entre Air Algérie et les autorités françaises continueront probablement à être scrutées de près, et des discussions seront nécessaires pour résoudre ces questions complexes.
En attendant, Air Algérie poursuit son expansion et cherche à consolider sa position sur le marché international. L’ouverture de nouvelles lignes aériennes et le développement du transport de marchandises vers des destinations stratégiques telles que l’Arabie Saoudite témoignent des ambitions de la compagnie, qui souhaite renforcer sa compétitivité sur le plan international. Les prochaines semaines seront cruciales pour la compagnie algérienne, qui devra naviguer entre les défis liés aux tensions diplomatiques et ses projets de croissance à l’international.
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