France : plus de 10.000 Algériens risquent de voir leur retraite suspendue

Retraités France Algériens Algérie exonération

Un rapport de la cour des comptes en France vient de dévoiler une réalité préoccupante pour des milliers de retraités algériens. D’après les conclusions de ce document officiel, près de 15 000 Algériens pourraient voir leur retraite, versée par la France, suspendue dès cette année. Ce chiffre s’inscrit dans un plan de surveillance renforcée que la France met progressivement en œuvre, avec l’objectif de vérifier la situation des bénéficiaires installés à l’étranger, notamment en Algérie.

Pour 2025, ce sont 50 000 retraités algériens résidant hors de France qui devront donner la preuve de leur existence. À compter de 2026, ce chiffre devrait s’élever à 60 000 par an pendant au moins cinq ans. Il s’agit d’un programme de contrôle à grande échelle qui inclut également d’autres pays comme le Maroc, la Turquie et la Tunisie, mais les chiffres montrent que les retraités algériens sont bien plus ciblés.

Selon le même rapport, la majorité des suspensions des pensions de retraite par la France visent des Algériens dont les dossiers ne comportent pas les documents exigés ou qui ne se sont pas présentés aux contrôles. Bien que le taux de fraude ait été jugé plus élevé dans des pays comme le Maroc ou l’Italie, les retraités algériens semblent soumis à un traitement bien plus rigide. Par exemple, seuls 8 000 retraités marocains, 2 000 Tunisiens et 800 Turcs sont concernés annuellement par des convocations similaires.

La cour des comptes précise que les 15 000 retraités algériens menacés de suspension en 2025 font partie d’un total de 17 000 pensionnés étrangers jugés « à risque ». Les contrôles s’appuient sur des vérifications croisées entre documents administratifs, banques, consulats et désormais outils numériques. Et c’est là que les choses se compliquent.

La France a en effet introduit en septembre 2024 une technologie de reconnaissance faciale biométrique. Cette solution permettrait aux retraités algériens et autres de prouver leur présence sans déplacement physique. Cependant, cette méthode reste peu adoptée : à peine 44 000 retraités sur 300 000 l’ont utilisée. L’essentiel des utilisateurs se concentre dans la tranche d’âge en dessous de 85 ans, avec un taux d’adoption relativement faible, même en Algérie.

Derrière cette stratégie de vérification massive, les enjeux financiers sont considérables. La cour des comptes estime que les erreurs et fraudes autour des retraites versées en Algérie pourraient coûter entre 38 et 80 millions d’euros à la France. Ces estimations s’appuient sur des études qui révèlent qu’environ 44 % des décès parmi les retraités algériens ne sont pas déclarés en temps voulu.

Dans le scénario le plus pessimiste, où tous les pensionnés n’ayant pas répondu seraient considérés comme décédés, le coût pour les caisses françaises pourrait grimper à 80 millions d’euros. Mais au-delà des chiffres, c’est l’opacité du système qui inquiète : les modalités de réactivation des pensions suspendues ne sont pas clairement définies. Les caisses de retraite, notamment Agirc-Arrco, exigent une nouvelle vérification sur le terrain, sans qu’aucun protocole précis ne garantisse la relance des convocations.

Le rapport pointe également le fait que les retraités algériens sont soumis à des mesures plus strictes que ceux d’autres nationalités. Cette rigidité administrative crée un sentiment d’inégalité, d’autant que le suivi des dossiers reste flou. En l’absence de réponse initiale, aucune règle ne prévoit automatiquement une deuxième chance pour les retraités algériens. Ils doivent eux-mêmes solliciter un nouveau contrôle et fournir des preuves de vie, ce qui peut s’avérer complexe, surtout pour les plus âgés.

Ce renforcement des contrôles en France touche particulièrement les retraités algériens. Ces derniers, bien que bénéficiaires légitimes de leur retraite après des années de cotisation, se retrouvent exposés à un système administratif exigeant, peu accessible et souvent injuste. Ce contexte renforce l’inquiétude de milliers d’Algériens installés en Algérie, qui craignent à tout moment une suspension de leur unique source de revenu, sans procédure claire pour la rétablir.