Les boulangers du Kremlin-Bicêtre n’imaginaient sans doute pas voir leur établissement pris dans la tourmente d’un contrôle aussi sévère. Et pourtant, le couperet est tombé : une sanction financière vertigineuse de 435 750 euros a été prononcée à l’encontre de cette boulangerie, suspectée d’avoir embauché en masse des travailleurs sans-papiers. Une affaire qui met en lumière les pratiques parfois opaques du secteur, mais aussi le durcissement des autorités en matière de lutte contre l’emploi irrégulier.
Tout a commencé par une descente des forces de l’ordre le 16 janvier 2025, selon Actu. L’unité de lutte contre l’immigration irrégulière, accompagnée des inspecteurs de l’URSSAF, a mené un contrôle inopiné dans cet établissement bien connu des habitants du quartier. Sur place, ils ont immédiatement identifié cinq travailleurs étrangers en situation irrégulière, qui s’affairaient dans l’arrière-boutique, les mains encore couvertes de farine. Mais l’enquête ne s’est pas arrêtée là. En fouillant les registres et en épluchant les fiches de paie, les enquêteurs ont mis en évidence une réalité bien plus vaste : au total, pas moins de 21 employés ne disposaient pas de titre de séjour valide. Une découverte qui a placé la boulangerie dans l’œil du cyclone.
En plus de ces embauches illégales, l’établissement aurait également dissimulé 754 heures de travail non déclarées. Une fraude sociale qui a privé l’URSSAF d’un montant de 13 722 euros en cotisations non versées. Pour les autorités, il s’agit d’un cas emblématique des abus qui peuvent se produire dans le secteur de la restauration et de la boulangerie, où la demande de main-d’œuvre est forte et où certains employeurs sont tentés de contourner la législation pour maximiser leur rentabilité. Mais cette fois, la sanction est exemplaire. Outre l’amende colossale, la boulangerie a été contrainte de fermer ses portes pendant un mois, une mesure punitive qui met un coup d’arrêt brutal à son activité.
Cette affaire intervient dans un contexte de durcissement des règles encadrant la régularisation des travailleurs étrangers en France. Depuis janvier, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a amorcé une politique plus stricte, rendant obsolète la circulaire de Manuel Valls qui permettait jusque-là d’accorder plus facilement des titres de séjour à certains travailleurs sans-papiers. Désormais, les conditions sont revues à la hausse et les employeurs ne peuvent plus compter sur des régularisations automatiques. Une décision qui suscite de vifs débats, notamment dans les secteurs où la main-d’œuvre étrangère joue un rôle clé.
En 2023, environ 11 500 personnes avaient obtenu une régularisation, en respectant des critères précis : trois ans de résidence sur le territoire et au moins deux ans d’emploi déclaré. Mais avec la nouvelle circulaire attendue pour fin février, ces critères devraient être revus à la hausse, compliquant encore davantage la situation pour les travailleurs sans-papiers et leurs employeurs. Dans ce climat de fermeté, les contrôles risquent de se multiplier, et d’autres établissements pourraient être pris pour cible dans les mois à venir.
Ce qui frappe dans cette affaire, c’est aussi le profil de la boulangerie mise en cause. Selon plusieurs sources, elle serait gérée par des Algériens, ce qui soulève un autre enjeu : celui des commerces communautaires qui, parfois, emploient des compatriotes en situation irrégulière pour leur donner une chance de s’intégrer économiquement. Une pratique qui, bien que motivée par une forme de solidarité, tombe sous le coup de la loi et expose les employeurs à des sanctions lourdes. Le cas du Kremlin-Bicêtre est donc un signal fort envoyé à ceux qui tenteraient encore d’ignorer les règles.
Dans le quartier, l’affaire fait grand bruit. Certains clients fidèles expriment leur surprise, évoquant une boulangerie appréciée pour la qualité de ses produits et l’accueil chaleureux de ses employés. D’autres, en revanche, voient dans cette sanction un juste retour des choses, arguant que la concurrence doit se faire dans le respect des règles du travail. En attendant, les rideaux restent baissés, et les propriétaires devront trouver une solution pour éviter la faillite. Car avec une amende de plus de 400 000 euros à régler, l’avenir de cette boulangerie autrefois prospère est désormais plus incertain que jamais.
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