L’ancien ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, a relancé le débat sur le contrôle des voyageurs algériens, notamment ceux voyageant à bord des vols Air Algérie, en proposant une mesure radicale : refuser l’entrée à certains titulaires de visas Schengen et les renvoyer directement en Algérie. Cette suggestion intervient dans un contexte déjà marqué par des tensions diplomatiques entre Paris et Alger, notamment après des incidents survenus dans les aéroports de Paris Orly et Roissy Charles de Gaulle impliquant des passagers algériens.
Dans un entretien accordé au Figaro et publié le jeudi 30 janvier 2025, l’ancien diplomate ne mâche pas ses mots. Selon lui, la France doit utiliser « l’arme de l’accès au territoire français » pour exercer une pression sur les autorités algériennes. Il plaide ainsi pour un renforcement des contrôles à l’arrivée en France, allant jusqu’à exiger des voyageurs qu’ils fournissent, une nouvelle fois, l’ensemble des justificatifs déjà demandés pour l’obtention du visa Schengen. « Avoir un visa Schengen ne signifie pas un droit absolu à entrer en France ; cela veut dire que la police aux frontières (PAF) peut demander des justificatifs à une personne qui aurait déjà obtenu un visa, en fait les mêmes justificatifs que le titulaire du visa a fournis lorsqu’il a déposé son dossier (hébergement, devises, etc.) », explique-t-il.
L’ancien ambassadeur ne s’arrête pas là et évoque même la possibilité d’interdire l’accès au territoire français aux passagers qui ne rempliraient pas ces critères. « La PAF peut ainsi s’opposer à l’entrée sur le territoire de personnes titulaires de visas et, comme le fait l’Algérie, les remettre dans l’avion pour Alger. Faites cela pour les passagers d’un vol Air Algérie, cela aura une valeur pédagogique, surtout quand on voit les critiques algériennes à propos de passagers algériens qui auraient été mal traités à Orly », a détaillé l’ex Ambassadeur de France en Algérie.
Ces déclarations ne manquent pas de susciter la polémique. En Algérie, elles sont perçues comme une provocation et un durcissement injustifié des conditions de voyage pour les citoyens algériens. Depuis plusieurs mois, de nombreux témoignages font état de contrôles renforcés et de difficultés accrues pour les Algériens souhaitant se rendre en France. La réduction du nombre de visas accordés par la France, décidée ces dernières années, avait déjà provoqué un tollé, et cette nouvelle proposition pourrait envenimer encore davantage la situation.
Les autorités algériennes, qui n’ont pas encore officiellement réagi aux propos de Xavier Driencourt, surveillent de près cette question qui touche directement des milliers de voyageurs chaque année. L’idée d’un durcissement ciblé à l’encontre des Algériens pourrait être perçue comme une discrimination et une remise en cause des accords bilatéraux entre les deux pays. Certains observateurs estiment que ces mesures pourraient avoir des conséquences diplomatiques, d’autant plus que l’Algérie applique déjà des restrictions similaires pour certains ressortissants français.
De leur côté, les associations de défense des droits des voyageurs s’inquiètent des dérives potentielles d’une telle politique. Exiger systématiquement la présentation de justificatifs supplémentaires à l’arrivée pourrait créer des situations arbitraires où des passagers en règle se verraient refoulés sans raison valable. Pour certains, cela revient à instaurer un climat d’incertitude et à compliquer encore davantage les déplacements entre les deux rives de la Méditerranée.
La France, qui cherche à contrôler l’immigration tout en préservant ses relations avec l’Algérie, se retrouve face à un dilemme. Appliquer des mesures plus strictes pourrait renforcer les tensions avec Alger, mais céder face aux critiques risquerait d’être perçu comme un signe de faiblesse. En attendant une prise de position officielle des autorités françaises sur cette proposition, une chose est sûre : elle ne manquera pas d’alimenter les débats et de raviver les tensions déjà existantes entre les deux pays.
Lire également :
Dinar, billets en Algérie : une Algérienne de France raconte sa « drôle de mésaventure »
L’Allocation touristique à 750 euros disponible dans 4 bureaux de change
Passagers algériens humiliés à Roissy et à Orly : la France réplique