France : Retailleau reconnait que sa demande a été rejetée par l’Algérie

Doualemn Bruno Retailleau Algérienne France Algérie

Dans un contexte de tensions croissantes entre la France et l’Algérie, le ministre de l’Intérieur français, Bruno Retailleau, a affirmé, ce dimanche 27 avril, que sa demande d’expulsion de 60 ressortissants algériens sous Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) avait été rejetée par l’Algérie. Cette déclaration survient à un moment où les relations diplomatiques entre les deux pays traversent une période délicate après un bref rapprochement observé début avril.

La question de l’expulsion des Algériens sous OQTF est devenue un point de friction majeur entre les deux nations. En effet, ces dernières semaines, la France a renforcé sa politique d’expulsions, visant des ressortissants étrangers jugés indésirables sur le sol français, et parmi eux se trouvent ces 60 Algériens. Pourtant, malgré les pressions exercées par le gouvernement français, l’Algérie a clairement rejeté la demande de récupération de ces individus. Bruno Retailleau, s’exprimant sur cette affaire dans une interview accordée à BFMTV, a expliqué que l’Algérie n’avait pas accepté de reprendre ces personnes, ce qui a mis en lumière les divergences sur cette question de sécurité et d’immigration entre les deux pays. « Non, ils n’ont pas été récupérés par Alger », a-t-il tranché, soulignant ainsi le blocage de cette démarche.

Cette situation ne fait qu’accentuer les tensions déjà existantes entre Paris et Alger. Ce rejet s’inscrit dans un climat diplomatique déjà tendu, marqué par des mesures de réciprocité suite à des incidents diplomatiques. L’un des événements ayant exacerbé cette situation a eu lieu le 3 avril, lorsqu’un agent consulaire algérien a été arrêté et incarcéré en France. En réponse, l’Algérie a expulsé 12 agents français, un acte que la France a réciproqué en renvoyant également 12 agents consulaires algériens. Ce jeu de représailles, qualifié de « rendu coup pour coup » par Bruno Retailleau, témoigne de la détérioration des relations entre les deux nations, un phénomène auquel s’ajoutent les questions liées à l’immigration.

Le ministre de l’Intérieur français Retailleau n’a toutefois pas l’intention de relâcher la pression sur l’Algérie. Dans son intervention, il a réaffirmé sa volonté de poursuivre ses actions en matière d’expulsions, et il a également rappelé que la France ne comptait pas abandonner ses demandes d’expulsion. Par ailleurs, Bruno Retailleau a évoqué la possibilité d’autres réponses, citant par exemple l’accord de 2013 qui permet aux diplomates algériens de ne pas avoir à demander de visa pour entrer en France. Une mesure qu’il envisage de réévaluer, suggérant qu’il pourrait y avoir des conséquences diplomatiques supplémentaires pour Alger si les demandes d’expulsion ne sont pas traitées de manière satisfaisante.

Ce contexte tendu entre la France et l’Algérie semble se prolonger, avec une diplomatie marquée par des échanges de décisions plutôt que des négociations directes. Les tensions ne se limitent pas à la question des expulsions, mais englobent également des sujets plus larges, notamment le dossier de l’écrivain algérien Boualem Sansal, que Bruno Retailleau a également évoqué dans son discours. Bien que le ministre français ait insisté sur la nécessité de libérer l’écrivain, un soutien manifeste pour des causes algériennes pourrait ne pas suffire à apaiser les frictions liées à la gestion des flux migratoires et à la question des droits des étrangers en France.

Le rejet de la demande d’expulsion de ces 60 Algériens est révélateur des divergences profondes entre les deux pays en matière de politique migratoire, mais aussi de la manière dont les relations diplomatiques sont conduites dans un contexte d’intérêts souvent opposés. Le rejet par l’Algérie met également en lumière la position de fermeté adoptée par le gouvernement algérien, qui semble être déterminé à protéger ses ressortissants tout en tenant tête à la pression extérieure.

Alors que les deux nations continuent de s’affronter sur le terrain diplomatique, la situation pourrait encore se tendre davantage, avec des décisions réciproques en matière d’expulsions et d’autres mesures pouvant être prises de part et d’autre. Il ne fait aucun doute que les mois à venir pourraient être décisifs pour l’avenir des relations franco-algériennes, qui dépendent désormais de la gestion de ces tensions complexes et des réponses que chacun des pays apportera aux demandes de l’autre.

Dans ce climat difficile, les relations entre la France et l’Algérie restent suspendues à la manière dont ces dossiers seront gérés dans les mois à venir, et la façon dont chaque gouvernement naviguera à travers des eaux diplomatiques agitées.