France : Sabrina Sebaihi ridiculise Bruno Retailleau 

Sabrina Sebaihi

Hier 18 mars 2025, alors que la France et l’Algérie commémorent le 63e anniversaire des Accords d’Évian, une nouvelle controverse politique vient enflammer le débat sur les relations franco-algériennes. La députée franco-algérienne Sabrina Sebaihi n’a pas mâché ses mots en s’attaquant frontalement au ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, l’accusant d’instrumentaliser la rupture diplomatique entre la France et l’Algérie à des fins politiques.

Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, la députée a dénoncé une dérive inquiétante du gouvernement sur ce dossier sensible. « Malheureusement, on voit que cette année est marquée par une rupture des relations diplomatiques entre la France et l’Algérie depuis quelques mois, instrumentalisée par certaines personnalités politiques, dont le ministre de l’Intérieur en premier lieu (Bruno Retailleau), qui s’occupe plus des affaires étrangères que des affaires intérieures, et donc nous met dans une difficulté dans nos relations bilatérales avec l’Algérie », a-t-elle déclaré, mettant en lumière ce qu’elle perçoit comme une ingérence nuisible du ministre dans un domaine qui ne relève pas de sa compétence directe.

Pour Sabrina Sebaihi, la mémoire franco-algérienne est un enjeu essentiel qui ne devrait pas être laissé aux prises des querelles politiciennes. « C’est extrêmement important, parce qu’on le sait, on doit absolument avancer sur le volet mémoriel avec ce pays qu’on a colonisé pendant plus de 130 ans. Il y a eu des massacres qui ont été commis. On doit avancer pour construire une page commune ensemble », a-t-elle insisté. La députée déplore ainsi la montée d’une rhétorique hostile à l’Algérie dans certains médias français, appelant à un dialogue apaisé plutôt qu’à la crispation. « Et à l’heure où certains journaux nous parlent de poison migratoire quand ils parlent de l’Algérie, nous nous disons qu’au contraire c’est le moment de travailler à la réconciliation, car aujourd’hui il y a beaucoup plus de choses qui nous lient à l’Algérie que de choses qui nous divisent. Un Français sur quatre a un lien de près ou de loin avec l’Algérie. »

Loin d’être une simple réaction à l’actualité, la prise de parole de Sabrina Sebaihi s’inscrit dans une vision large des relations franco-algériennes. L’Algérie est un partenaire économique et stratégique de premier plan pour la France, et la députée s’inquiète des conséquences d’une détérioration continue des liens entre les deux pays. « On a des accords économiques, stratégiques, sécuritaires avec l’Algérie, et qui sont mis à mal pour l’égo d’une seule personne (elle voulait dire Retailleau). Nous espérons sincèrement que tout cela va s’apaiser », a-t-elle ajouté, visant directement le ministre de l’Intérieur.

Mais au-delà des tensions diplomatiques actuelles, Sabrina Sebaihi relance aussi un vieux débat : la reconnaissance par la France des crimes coloniaux commis en Algérie. La députée appelle ainsi Emmanuel Macron à une « reconnaissance stricte, pleine et entière » des « massacres d’État » du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata. « C’est une date importante et je pense qu’une telle reconnaissance permettra à la France d’en sortir extrêmement grandie », a-t-elle conclu, soulignant l’importance du devoir de mémoire pour une réconciliation durable entre les deux nations.

Cette sortie de Sabrina Sebaihi ne manquera pas d’alimenter les discussions au sein du paysage politique français. Alors que Bruno Retailleau reste silencieux sur ces accusations, il est certain que ce débat sur l’avenir des relations entre la France et l’Algérie ne fait que commencer. Dans un contexte où la tension ne cesse de monter, la question reste de savoir si les dirigeants français privilégieront la voie du dialogue ou celle de la confrontation avec Alger.

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