France : Sofia Benlemmane écope d’un sursis et d’heures de travail d’intérêt général

Benlemmane Sofia

Le tribunal correctionnel de Lyon s’est penché ce mardi sur un dossier aussi sensible que bruyant, mêlant réseaux sociaux, violence verbale et tensions diplomatiques. Au centre de cette affaire : Sofia Benlemmane, une influenceuse franco-algérienne de 54 ans, figure controversée sur TikTok et Facebook, plateformes où elle cumule plus de 350.000 abonnés. Poursuivie pour quatre délits, notamment pour menaces de mort, elle a été condamnée à neuf mois de prison avec sursis, assortis de 200 heures de travail d’intérêt général. Le tribunal a également prononcé une interdiction d’accès à TikTok et Facebook pour une durée de six mois, une mesure rare qui souligne la gravité des faits reprochés.

Les faits remontent au mois de janvier 2025. Sofia Benlemmane avait publié sur les réseaux sociaux plusieurs contenus violemment dirigés contre des opposants algériens, y mêlant des propos particulièrement virulents à l’égard de la France. Dans une vidéo devenue virale, elle insultait une autre femme en direct, prononçant sans détour la phrase suivante : «Ni*** ta mère toi et ta France». Elle y ajoutait même : «J’espère que tu seras tuée, j’espère qu’ils vont te tuer», déclenchant aussitôt une vague de signalements et d’indignation.

Ces déclarations, jugées comme des appels à la haine et à la violence, ont immédiatement attiré l’attention des autorités judiciaires. L’influenceuse a été interpellée dans la foulée, rejoignant ainsi une liste d’individus visés pour contenus jugés haineux, à l’image d’autres figures comme «Doualemn», «Zazou Youcef» ou encore «ImadTintin». Malgré son placement sous contrôle judiciaire, elle n’a pas cessé ses provocations. Lors de l’audience du 18 mars, elle s’est même présentée vêtue d’un t-shirt aux couleurs de l’Algérie, marquant une posture de défi dans une salle d’audience particulièrement tendue.

Le représentant du parquet n’a pas manqué de rappeler les limites de la liberté d’expression en France. «La loi française vous autorise à vous exprimer librement, mais dans un cadre précis», a-t-il insisté face à l’influenceuse. Il a dénoncé des «propos particulièrement graves, haineux, n’ayant aucune place dans une démocratie», avant de requérir une peine d’un an de prison avec sursis. Finalement, les juges ont opté pour une peine plus modérée mais symboliquement forte, avec neuf mois de sursis, des travaux d’intérêt général, et l’exclusion temporaire des plateformes ayant servi à propager les propos incriminés.

Lors de sa défense, Sofia Benlemmane a affirmé que ses paroles avaient «dépassé (ses) pensées» et qu’elle n’avait «en aucun cas l’intention de passer à l’acte». Elle s’est décrite comme une personne «impulsive», souvent emportée par ses émotions. Des propos qui ont semblé insuffisants aux yeux du tribunal, compte tenu de la récidive et de la nature violente des déclarations.

Ce n’est pas la première fois que cette femme, sans emploi, se retrouve devant un juge. En 2001, déjà, elle avait défrayé la chronique après avoir envahi la pelouse du Stade de France avec un drapeau algérien lors d’un match amical entre la France et l’Algérie. Ce geste, très médiatisé à l’époque, lui avait valu sept mois de prison avec sursis et trois ans d’interdiction de stade. À cette époque, elle était encore connue dans les milieux sportifs, ancienne joueuse de football avant de se reconvertir en figure numérique.

Dans un contexte où les relations entre Paris et Alger traversent une phase particulièrement tendue, cette affaire prend une dimension diplomatique non négligeable. Peu de temps après les publications incriminées, l’Algérie a demandé à douze agents français de quitter son territoire sous 48 heures, un geste interprété comme une réaction indirecte aux tensions croissantes alimentées par certaines figures publiques binationales.

Le jugement de Sofia Benlemmane marque ainsi une nouvelle étape dans la régulation du discours haineux en ligne. Si l’influence numérique permet une diffusion rapide des idées, elle expose aussi ses auteurs aux conséquences juridiques, lorsque la parole franchit la ligne du tolérable. À Lyon, ce mardi, la justice française a rappelé que l’écran n’est pas un bouclier.

Lire également :

Algériens de France : la Préfecture de Paris fait une annonce réjouissante

« C’est détecté » : le Préfet de Paris met en garde les Algériens

 

 

Alerte en Algérie, à cause d’un produit venu de France