France : « trahis », des salariés algériens victimes d’un « foutage de gueule »

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En France, chez Ubisoft, des salariés algériens se sentent trahis, méprisés et ignorés par une direction qu’ils accusent d’avoir vidé de son sens la promesse de “co-construction” autour du télétravail. Cette situation, déjà tendue depuis des mois, a atteint un nouveau niveau de frustration, particulièrement pour de nombreux salariés algériens présents en France, qui avaient réorganisé toute leur vie autour du télétravail à 100%, aujourd’hui mis en péril. Les négociations, censées aboutir à un accord juste, n’ont produit que de l’amertume.

Pour les salariés algériens qui vivent en France depuis plusieurs années, souvent loin des grands centres urbains, la possibilité de télétravailler entièrement n’était pas un luxe, mais une nécessité. Certains ont déménagé, d’autres ont adapté leur situation familiale et professionnelle à ce nouveau mode de travail. La décision brutale de revenir à un minimum de trois jours par semaine en présentiel a été vécue par eux comme un coup de massue. Pire encore, la méthode de négociation a choqué : changement constant d’interlocuteurs RH, flou sur les critères de dérogation, absence d’étude d’impact… Un salarié algérien basé en France confie à un média français : “On nous parle de co-construction, mais à la fin, ils ont juste copié-collé les décisions du siège. C’est du pur foutage de gueule”.

La colère des salariés algériens en France ne vient pas seulement de la perte du télétravail total, mais de la manière dont la direction d’Ubisoft a orchestré les discussions. D’un côté, une direction qui promet des dérogations “au cas par cas”, mais uniquement “sur justification” et “en renouvellement annuel”. De l’autre, des salariés algériens en France qui voient dans ces conditions une porte entrouverte pour mieux la refermer plus tard, une fois les caméras syndicales éteintes. Le sentiment d’abandon est d’autant plus fort que certains syndicats évoquent une volonté déguisée de pousser les salariés vers la sortie, sans passer par la case licenciement collectif.

La situation s’est encore tendue à Paris, où un seul syndicat a signé l’accord, mais uniquement pour “sauver ce qui peut l’être”. À Montpellier et Annecy, les représentants ont refusé catégoriquement. Ce déséquilibre entre studios montre l’ampleur du malaise, y compris parmi les salariés algériens en France, qui, au-delà du simple sujet du télétravail, dénoncent un climat de travail dégradé et une communication interne de plus en plus verticale. Le fait que la direction impose des décisions venues du siège, sans tenir compte des particularités locales, renforce l’idée d’un double discours : d’un côté l’image de modernité et d’inclusivité d’Ubisoft, de l’autre une pratique que beaucoup décrivent comme autoritaire et déconnectée.

Un autre salarié algérien raconte qu’il a quitté l’Île-de-France avec sa famille pour s’installer dans le sud, convaincu par la possibilité d’un télétravail stable. Aujourd’hui, il se retrouve piégé : « J’ai pris un crédit, j’ai inscrit mes enfants à l’école, tout ça parce qu’on nous assurait que le télétravail à 100% était possible sur la durée. Maintenant on me dit que ce n’était qu’un accord temporaire, et qu’il faut revenir trois jours par semaine. C’est une trahison ». Ce témoignage est loin d’être isolé. De nombreux salariés algériens en France partagent ce ressenti d’injustice, et dénoncent un management qui avance masqué.

La direction justifie ce retour au bureau par un besoin “de recréer du lien” et “d’encourager la créativité”. Elle affirme que 50% des salariés ne se connaissaient pas dans les couloirs du siège, ce qui aurait alarmé les dirigeants. Mais pour les syndicats, il s’agit d’un prétexte pour remettre la main sur une organisation du travail plus traditionnelle, et réduire de manière implicite le nombre d’employés via des départs volontaires. Une stratégie déjà observée ailleurs, comme chez Amazon ou dans certains studios nord-américains, qui ont opté pour un retour massif au bureau afin d’éviter des vagues de licenciements.

La désorganisation qui en résulte est déjà visible. Plusieurs productions ont pris du retard, et certains titres très attendus comme Assassin’s Creed ont vu leurs calendriers bousculés. La pression sur les équipes augmente, le moral est en baisse, et les risques psychosociaux se multiplient. Chez Ubisoft, en France, ce sont souvent les salariés algériens qui en paient le prix fort, car leurs situations sont plus fragiles, leurs conditions de mobilité plus complexes et leurs voix souvent moins écoutées.

Aujourd’hui, la fracture semble profonde. Les salariés algériens en France disent ne plus croire aux promesses de la direction. Pour eux, cette affaire de télétravail aura été révélatrice d’un mépris plus large : celui d’un management qui préfère imposer plutôt que construire, qui parle d’écoute mais agit en silence. Un “foutage de gueule”, disent-ils sans détour, qui risque de laisser des traces durables, bien au-delà des bureaux de Saint-Mandé.