France : un auto-entrepreneur algérien échappe à l’expulsion grâce à son SMIC

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Dans un revirement judiciaire aussi surprenant que décisif, un ressortissant algérien de 38 ans a vu son obligation de quitter le territoire français annulée par le tribunal administratif d’Orléans, ville située à 120 km au sud-ouest de la capitale de la France. Cette affaire, qui oppose l’homme à la préfecture d’Eure-et-Loir, met en lumière la complexité des procédures de régularisation et l’importance des critères économiques dans l’obtention d’un titre de séjour en France.

Arrivé en France le 28 août 2018 avec un visa pour l’Espagne, l’Algérien s’est installé sur le territoire français après l’expiration de son visa. Durant plusieurs années, il a cherché à stabiliser sa situation, notamment en intégrant le marché du travail. Le 25 octobre 2022, il a déposé une demande d’admission exceptionnelle au séjour sur la base d’un contrat de travail signé avec une entreprise spécialisée dans la réparation de palettes. Pour contourner les restrictions liées à son statut administratif, il avait opté pour le régime d’auto-entrepreneur, lui permettant d’exercer son activité légalement en France. C’est ce que relate le média français l’Echo Républicain.

Cependant, la préfecture d’Eure-et-Loir a rejeté sa demande en avançant plusieurs arguments, notamment l’insuffisance de ses revenus pour prétendre à une régularisation. Selon l’administration, le montant qu’il percevait n’atteignait pas le seuil requis pour justifier son droit au séjour. En conséquence, un arrêté lui a été notifié, l’obligeant à quitter le territoire français et à demeurer assigné à résidence dans le département pour une durée de 45 jours renouvelable.

Refusant de se plier à cette décision, le travailleur algérien a décidé de porter son affaire devant le tribunal administratif d’Orléans. Son argument principal reposait sur la conformité de ses revenus avec le salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC), contredisant ainsi l’argumentaire avancé par la préfecture. Après un examen minutieux du dossier, les juges ont statué en sa faveur, soulignant que le montant qu’il percevait atteignait bien le SMIC mensuel et que la décision préfectorale reposait sur une appréciation erronée de sa situation économique.

L’un des points clés de cette décision réside dans la reconnaissance par le tribunal de la viabilité de l’activité professionnelle de l’Algérien de France. Bien que l’auto-entrepreneuriat puisse parfois être perçu comme un statut précaire, la Cour a estimé que son métier dans la réparation de palettes témoignait d’une insertion économique suffisante pour justifier son maintien en France. Cette reconnaissance a pesé dans la balance en faveur du travailleur, démontrant que son activité contribuait au tissu économique local.

Cette affaire illustre les difficultés auxquelles de nombreux travailleurs étrangers font face lorsqu’ils cherchent à se régulariser en France. La procédure d’admission exceptionnelle au séjour, bien que prévue par la loi, reste soumise à une appréciation souvent stricte des autorités préfectorales, qui exigent des critères de stabilité économique précis. Pourtant, le cas de cet Algérien démontre qu’une interprétation trop rigide de ces critères peut être contestée devant la justice, notamment lorsque l’activité exercée répond aux exigences du marché du travail.

Au-delà de la simple question juridique, cette décision met en lumière le rôle déterminant de la justice administrative dans la protection des droits des travailleurs étrangers. Elle rappelle également l’importance pour les demandeurs de titre de séjour de bien documenter leur dossier et de faire valoir leur contribution économique. Si cette issue favorable marque une victoire personnelle pour l’auto-entrepreneur algérien, elle constitue également un précédent intéressant pour d’autres travailleurs dans une situation similaire.

Alors que les débats sur l’immigration et la régularisation des travailleurs sans-papiers continuent d’alimenter le paysage politique français, ce cas démontre que chaque situation mérite une évaluation au cas par cas. Pour cet homme, la reconnaissance de son salaire comme critère légitime de régularisation lui offre une nouvelle opportunité de stabiliser son avenir en France, loin des incertitudes liées à une expulsion imminente.

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