La scène paraît surréaliste, pourtant elle reflète la folie autour d’un produit devenu aussi précieux qu’insaisissable : la pâte à tartiner El Mordjene. Cette spécialité algérienne, connue pour sa saveur unique, a pris d’assaut les étagères des épiceries françaises ces derniers mois, avant de se voir interdite d’importation en Europe. Un enchaînement d’événements inattendus a mené à une pénurie, au point qu’elle devienne l’objet de toutes les convoitises, même des malfaiteurs.
Tout a commencé il y a quelques mois, lorsque la pâte à tartiner El Mordjene, jusqu’alors un simple produit d’épicerie, a été propulsée sous les feux des projecteurs grâce aux réseaux sociaux. Rapidement, elle a conquis les amateurs de douceurs sucrées, tant pour son goût que pour son origine algérienne qui évoque chez beaucoup un sentiment de nostalgie et d’authenticité. Cette montée en popularité a toutefois été brusquement stoppée par l’interdiction d’importation du produit en Europe, en raison de sa composition en produits laitiers qui ne respectent pas les normes européennes. Conséquence directe : des cargaisons entières de cette pâte à tartiner ont été bloquées au port de Marseille, entraînant une flambée des prix et une ruée sur les derniers pots disponibles.
Le pot, qui ne coûtait que quelques euros en Algérie, a rapidement vu son prix exploser, atteignant plus de 12€ sur le marché noir français. Une hausse vertigineuse qui a poussé certains commerçants à tout tenter pour se réapprovisionner, même au risque de tomber dans des pièges.
L’histoire prend une tournure inquiétante vendredi soir dans le quartier de la Valbarelle, situé dans le 11e arrondissement de Marseille. Un commerçant, désespéré par la pénurie de pots de pâte El Mordjene, pensait avoir trouvé une solution en répondant à une annonce en ligne promettant un stock important de ce produit tant recherché. Saisissant l’occasion, il dépêche l’un de ses employés, un jeune homme de 27 ans, pour finaliser la transaction.
Mais l’opération tourne rapidement au cauchemar. L’employé se rend à l’adresse indiquée, munis de plusieurs milliers d’euros en liquide, prêt à acheter le stock supposé. Cependant, à peine arrivé sur les lieux, il est conduit dans les étages d’un immeuble où il se retrouve face à des malfaiteurs armés. Ces derniers, après l’avoir menacé avec une arme de poing, le dépouillent de son argent avant de le laisser partir sans la moindre boîte de pâte à tartiner.
Suite à cette agression, une enquête a immédiatement été ouverte par la police de Marseille. La division de la criminalité territoriale (DCT) a été chargée de retrouver les auteurs de ce braquage atypique. Bien que l’attaque soit préoccupante, elle révèle surtout l’ampleur que peut prendre un simple produit alimentaire lorsqu’il devient objet de rareté. Si la plupart des consommateurs se contentent de chercher le précieux pot dans les rayons de leurs épiceries locales, certains n’hésitent pas à braver tous les dangers pour se procurer cette pâte à tartiner qui, en l’espace de quelques mois, a acquis une aura presque mythique.
L’interdiction de la pâte El Mordjene en Europe soulève également des questions sur l’impact de certaines réglementations commerciales sur les marchés locaux. Bien que justifiée par des préoccupations liées à la conformité aux normes sanitaires européennes, cette décision a entraîné des effets inattendus, tels que la flambée des prix, les achats illégaux, et maintenant, les actes criminels.
Alors que la police poursuit ses investigations, cet événement montre à quel point un produit apparemment anodin peut devenir le catalyseur d’une série d’événements inhabituels. Quoi qu’il en soit, il est probable que cette mésaventure à Marseille ne soit qu’un chapitre parmi d’autres dans l’histoire de la célèbre pâte à tartiner El Mordjene. Il reste à voir si cette interdiction temporaire entraînera la disparition définitive du produit des étals européens, ou si elle incitera à une adaptation de sa recette pour satisfaire aux normes en vigueur.
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