L’influenceur algérien Youcef A., connu sous le pseudonyme de Zazou Youssef, a été condamné lundi 24 février à 18 mois de prison ferme par le tribunal de Brest pour « provocation directe à un acte de terrorisme » en France. Cette affaire a débuté au début de l’année lorsqu’une alerte a été émise via Pharos, la plateforme française de signalement des contenus illicites sur internet, à la suite de la diffusion d’une vidéo jugée préoccupante.
L’influenceur algérien de 25 ans a été interpellé le 3 janvier à Brest, avant d’être placé en détention provisoire en attendant son jugement en France. Outre sa peine d’emprisonnement, le tribunal a également prononcé une interdiction du territoire français pour une durée de dix ans. Cette décision signifie qu’une fois sa peine purgée, Youcef A. ne pourra plus séjourner en France avant au moins une décennie.
Dans la vidéo incriminée, publiée sur TikTok, l’influenceur algérien s’exprimait en arabe, avec des sous-titres en français, appelant à la commission d’actes terroristes en France et ciblant également des opposants au régime en Algérie. Ce contenu a immédiatement attiré l’attention des autorités françaises, qui ont diligenté une enquête approfondie. Selon le procureur de la République de Brest, Camille Miansoni, les propos tenus dans la vidéo étaient explicites et ne laissaient place à aucune ambiguïté sur l’incitation à la violence.
Lors de son interpellation, les enquêteurs ont découvert que Youcef A. faisait déjà l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) depuis avril 2024. Ce statut, combiné aux accusations portées contre lui, a conduit les magistrats à considérer son maintien en détention comme nécessaire. Au cours de l’audience, le jeune homme a reconnu être l’auteur de la vidéo, tout en affirmant qu’il ne mesurait pas la portée de ses paroles au moment de la publication.
Le parquet a souligné le danger que représentaient de telles déclarations sur une plateforme suivie par des centaines de milliers d’abonnés. L’accusation a insisté sur le fait qu’en raison de son audience importante, les propos de l’influenceur pouvaient potentiellement conduire à des actes concrets. La défense a quant à elle tenté de nuancer ces accusations, expliquant que les propos tenus dans la vidéo relevaient davantage d’un discours provocateur que d’un réel appel à la violence.
Cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large de lutte contre les discours incitant à la haine ou à la violence sur les réseaux sociaux. Ces dernières années, plusieurs influenceurs ou créateurs de contenu ont été poursuivis pour des faits similaires, illustrant la vigilance accrue des autorités françaises face aux contenus jugés dangereux.
En parallèle de cette condamnation, un autre influenceur algérien, Boualem N., plus connu sous le pseudonyme de Doualemn, fait lui aussi face à la justice. Lundi 24 février, il a comparu devant le tribunal correctionnel de Montpellier pour « provocation non suivie d’effet à commettre un crime ou un délit ».
Ce dernier est accusé d’avoir diffusé sur TikTok une vidéo dans laquelle il appelait à « donner une sévère correction » à un individu résidant en Algérie. Selon le procureur de Montpellier, Fabrice Belargent, ces propos ont été considérés comme une incitation à la violence, bien que non suivis d’effet direct. Contrairement à Youcef A., Boualem N. n’a pas été placé en détention provisoire en attendant son jugement. Le parquet a requis six mois de prison avec sursis à son encontre, et la décision finale du tribunal a été mise en délibéré jusqu’au 6 mars.
Ces deux affaires montrent l’attention particulière que portent les autorités aux contenus diffusés sur les réseaux sociaux, notamment lorsqu’ils contiennent des appels à la violence ou des incitations à des actes illégaux. Le développement rapide des plateformes numériques et l’influence grandissante des créateurs de contenu posent de nouveaux défis aux gouvernements et aux instances judiciaires.
Avec ces condamnations, la justice française envoie un signal clair quant à sa volonté de réprimer les dérives sur internet. Les influenceurs, en raison de leur portée et de leur audience, sont désormais soumis à une surveillance accrue et peuvent être tenus pénalement responsables de leurs publications. Les plateformes sociales, elles aussi, sont régulièrement appelées à renforcer leurs dispositifs de modération afin d’éviter la diffusion de contenus illicites.
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