La question d’une éventuelle réduction des visas délivrés aux Algériens refait surface en France, alors que le gouvernement semble s’orienter vers une politique plus stricte en matière d’immigration. Ce durcissement potentiel découle principalement de la nomination de Bruno Retailleau au poste de ministre de l’Intérieur dans le gouvernement dirigé par Michel Barnier. Retailleau, figure de la droite conservatrice française, est bien connu pour ses positions fermes sur l’immigration et sa volonté d’imposer des pressions plus fortes aux pays récalcitrants dans la gestion de leurs ressortissants en situation irrégulière, notamment l’Algérie.
Abdelouahab Yagoubi, député algérien de l’émigration, a évoqué cette possibilité dans un entretien publié ce mardi 25 septembre par le quotidien El Khabar. Selon lui, la nouvelle équipe au pouvoir en France pourrait avoir un impact significatif sur les relations franco-algériennes, notamment en ce qui concerne la gestion de l’immigration, la délivrance des visas, ainsi que la question des rapatriements de ressortissants algériens en situation irrégulière.
Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau n’a jamais caché son mécontentement face à la coopération jugée insuffisante de l’Algérie sur ce sujet. Il est fort probable qu’il envisage de faire des visas un outil de pression dans les négociations avec Alger. Yagoubi rappelle également que ce type de mesures a déjà été employé par le passé. En 2021, la France avait drastiquement réduit le nombre de visas délivrés aux Algériens, invoquant le refus de l’Algérie de rapatrier ses citoyens faisant l’objet d’une décision d’expulsion.
En effet, Bruno Retailleau a souvent critiqué la politique migratoire actuelle et plaide pour une ligne plus dure. Il prône une coopération renforcée avec les pays d’origine des migrants et un retour forcé plus rapide des ressortissants en situation irrégulière. Selon Yagoubi, cette volonté de renforcer les pressions pourrait aboutir à une nouvelle réduction du nombre de visas délivrés aux Algériens, et peut-être même inclure les visas diplomatiques.
Le nombre de visas délivrés par la France aux Algériens a déjà connu une baisse significative ces dernières années. Cette diminution liée à divers facteurs, y compris les tensions diplomatiques et les restrictions imposées en 2021. Bien que cette restriction ait été levée par la suite, le spectre d’une nouvelle réduction plane à nouveau avec l’arrivée de Retailleau au ministère de l’Intérieur.
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Réductions des visas France pour Algériens : ce n’est pas la seule source des tensions
La question des visas n’est pas la seule source de tensions potentielles entre les deux pays. L’accord franco-algérien de 1968 sur l’immigration, qui régit le statut des Algériens en France, est également dans le viseur de Retailleau. Le ministre avait déjà déposé une proposition au Sénat en 2023 visant à révoquer cet accord, qui selon lui, accorde trop d’avantages aux ressortissants algériens. Abdelouahab Yagoubi estime que Retailleau pourrait revenir à la charge, utilisant sa nouvelle position pour remettre en cause cet accord historique.
Ce climat politique tendu entre les deux nations ne se limite pas seulement aux questions migratoires. Le dossier mémoriel, longtemps source de discorde entre la France et l’Algérie, pourrait également être affecté par l’orientation idéologique du nouveau gouvernement français. Yagoubi souligne que Bruno Retailleau, comme plusieurs de ses collègues de droite, est opposé à la politique de « réconciliation des mémoires » promue par Emmanuel Macron. Cette initiative, visant à apaiser les tensions héritées de la colonisation, pourrait donc être ralentie, voire abandonnée.
Face à ces perspectives de durcissement, Yagoubi appelle à la prudence et au dialogue. Selon lui, une escalade des tensions entre Paris et Alger serait préjudiciable, non seulement pour les gouvernements, mais surtout pour les immigrés algériens en France, qui risquent de se retrouver au cœur de ces frictions politiques. Il insiste sur la nécessité de maintenir une communication ouverte entre les deux pays pour éviter que ces pressions ne se traduisent par une détérioration des relations bilatérales.