L’importation de véhicules de moins de 3 ans en Algérie, notamment depuis la France, connaît un véritable coup de frein, et les nouvelles mesures gouvernementales viennent encore compliquer la situation pour les particuliers. Si l’objectif affiché des autorités est de réguler le marché et de préserver les réserves en devises, les conséquences de ces restrictions se font déjà lourdement sentir sur le terrain.
Depuis l’autorisation de la reprise d’importation des véhicules de moins de 3 ans en 2023, l’Algérie a mis en place un cadre juridique strict pour encadrer cette opérayion. L’une des mesures phares concerne l’article 208 de la loi de finances 2025, qui impose désormais un délai de trois ans avant toute revente des véhicules importés. En clair, tout particulier important un véhicule devra le conserver au minimum 36 mois avant de pouvoir le céder, à moins de rembourser les avantages fiscaux dont il a bénéficié lors de l’importation. Cette règle vise à empêcher la spéculation et à stabiliser le marché, mais elle réduit considérablement la flexibilité des acheteurs.
Par ailleurs, les nouvelles taxes douanières, établies selon l’âge, la motorisation et la catégorie du véhicule, viennent alourdir encore plus la facture pour les importateurs. Les démarches administratives se complexifient également, notamment avec la restriction des immatriculations de véhicules importés. Depuis octobre 2024, de nombreux citoyens se heurtent à des difficultés majeures pour obtenir leurs cartes grises, un problème qui ne fait que s’aggraver au fil des mois.
Mais le véritable coup dur est tombé le 12 mars dernier, avec une nouvelle décision de la Banque extérieure d’Algérie (BEA). Dans un arrêté sans appel, l’institution a interdit le financement des véhicules importés par les particuliers via les crédits bancaires. Désormais, seuls les opérateurs économiques agréés par l’État pourront continuer à bénéficier des domiciliations bancaires et des devises officielles. Quant aux particuliers, ils devront financer leurs achats exclusivement sur leurs propres devises, ce qui les contraint à se tourner vers le marché noir pour obtenir les montants nécessaires. Une situation qui ne fait qu’accroître la pression sur les prix et renforcer les disparités d’accès aux véhicules.
Les experts du secteur s’accordent à dire que ces nouvelles restrictions risquent d’étouffer encore davantage un marché automobile déjà sous tension. La limitation des importations entraîne une rareté de l’offre, ce qui se traduit inévitablement par une flambée des prix des véhicules d’occasion sur le marché local. Par ailleurs, en rendant l’accès aux devises bancaires plus difficile, les autorités poussent indirectement les consommateurs vers des solutions parallèles, souvent plus coûteuses et moins transparentes.
Face à cette situation, les particuliers se retrouvent dans une impasse. Ceux qui avaient déjà commandé des véhicules de moins de 3 ans en 2024 doivent composer avec des délais d’immatriculation incertains et des frais imprévus. Ceux qui envisageaient d’importer un véhicule en 2025 se heurtent à une équation financière de plus en plus compliquée. Les seules alternatives viables restent soit l’achat auprès des concessionnaires agréés, dont l’offre demeure encore très limitée, soit l’acquisition d’un véhicule sur le marché local, où les prix atteignent des sommets.
Alors que l’Algérie tente de structurer son marché automobile et d’encourager la production locale, ces nouvelles mesures pourraient avoir l’effet inverse en limitant drastiquement les options des consommateurs. Une chose est sûre, l’importation de véhicules de moins de trois ans devient un véritable parcours du combattant pour les Algériens, et la situation ne semble pas près de s’améliorer.
Lire également :
Nouvelle allocation touristique de 750 euros : l’Algérie fixe une nouvelle date
Voyage France Algérie : un douanier brave une interdiction, il risque gros
Aïd el-Fitr 2025 : la fonction publique fait l’annonce tant attendue