Le Maroc a récemment lancé un appel pressant à l’Algérie concernant la réouverture des frontières entre les deux pays, par le biais du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS). Ce parti politique, préoccupé par la fermeture persistante des frontières, a vu son secrétaire général, Mohamed Nabil Benabdallah, s’adresser directement aux autorités algériennes.
Lors d’une réunion organisée à Bouarfa, une ville marocaine située près de la frontière orientale du royaume, Mohamed Nabil Benabdallah a fait un plaidoyer en faveur de la réouverture des frontières avec l’Algérie. Il a mis en avant les opportunités de développement manquées en raison de la fermeture des frontières et a exhorté les dirigeants algériens à reconsidérer leur position. Pour renforcer son argumentation, il a insisté sur la nécessité de dissocier la question du Sahara occidental, une source de tension persistante, des relations bilatérales entre les deux nations. Selon lui, le Sahara est et restera marocain, et ce dossier ne devrait pas influencer négativement les relations entre les deux pays voisins.
L’impact de la fermeture des frontières
La fermeture des frontières entre le Maroc et l’Algérie, en vigueur depuis 1994, a des répercussions significatives sur le développement des régions frontalières, notamment à l’est du Maroc. Benabdallah a souligné que ces régions accusent un retard considérable par rapport aux autres parties du royaume. « Malgré certains développements en matière de routes et d’infrastructures, la réalité sociale, en termes de ressources humaines, de services publics et sociaux, ainsi que la réalité économique et celle de l’emploi pour les jeunes hommes et femmes, montrent que ces régions se trouvent en queue de peloton, notamment en ce qui concerne les taux de pauvreté et les signes de retard », a-t-il déclaré.
Ainsi, Benabdallah a encouragé les autorités algériennes à envisager une réflexion commune sur les opportunités de développement que la réouverture des frontières pourrait engendrer pour les deux pays. Il a rappelé que les relations entre le Maroc et l’Algérie ont le potentiel de favoriser la croissance économique et sociale des régions frontalières, en stimulant le commerce, le tourisme et les échanges culturels.
Le secrétaire général du PPS a également mentionné les bénéfices économiques potentiels pour les deux pays. La réouverture des frontières pourrait dynamiser le commerce bilatéral, créer des emplois et améliorer les conditions de vie des populations des régions frontalières. En effet, une frontière ouverte faciliterait le déplacement des personnes et des marchandises, renforçant ainsi les liens économiques et culturels entre les deux nations.
Frontières : l’Algérie a également coupé les relations diplomatiques avec le Maroc
Pour rappel, le 24 août 2021, l’Algérie a annoncé une décision majeure qui a surpris de nombreux observateurs internationaux : la rupture de ses relations diplomatiques avec le Maroc. Cette décision, annoncée par le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, lors d’une conférence de presse, a été justifiée par une série d’accusations concernant des « actions hostiles » persistantes de la part du royaume chérifien. Selon Lamamra, « l’histoire a montré que le royaume du Maroc n’a jamais cessé de mener des actions hostiles à l’encontre de l’Algérie », affirmant que la propagande et les services de sécurité marocains mènent une « guerre ignoble » contre l’Algérie, son peuple et ses dirigeants. Cette guerre, selon lui, se manifeste par la diffusion de rumeurs et d’informations malveillantes et incendiaires, visant à déstabiliser le pays. Il a également déploré que le Maroc « entraîne le conflit au lieu de l’intégration dans la région » du Maghreb, empêchant ainsi la coopération régionale nécessaire pour le développement.
Cette annonce intervient dans un contexte de tensions accrues entre les deux pays, exacerbées par des accusations réciproques. En juillet 2021, Alger avait rappelé son ambassadeur à Rabat après que le représentant marocain à l’ONU, Omar Hilale, ait suggéré le droit à l’autodétermination pour le peuple de Kabylie, une région berbérophone du nord de l’Algérie. Cette prise de position a été perçue comme une provocation majeure par Alger, qui considère cette région comme une partie intégrante et indivisible de son territoire. Le ministère marocain des Affaires étrangères a rapidement réagi à l’annonce algérienne, qualifiant la décision de « complètement injustifiée ». Dans un communiqué, le Maroc a exprimé son regret face à cette décision, tout en rejetant les « prétextes fallacieux, voire absurdes » avancés par Alger. Le communiqué souligne également que cette rupture était attendue, compte tenu de la logique d’escalade observée ces dernières semaines. Le ministère a également affirmé que le Maroc n’a jamais cessé d’agir en faveur de la paix et de la coopération dans la région.
Les relations entre le Maroc et l’Algérie sont historiquement tendues, avec des frontières fermées depuis 1994, notamment à cause du conflit autour du Sahara occidental. Ce territoire, que le Maroc revendique comme sien, est également revendiqué par le Front Polisario, soutenu par l’Algérie. La normalisation des relations entre le Maroc et Israël en 2020, en échange de la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, a encore aggravé les tensions avec l’Algérie, qui a dénoncé ces manœuvres comme des ingérences étrangères. Les relations diplomatiques avaient déjà été rompues une première fois en 1976, lorsque l’Algérie avait reconnu la République arabe sahraouie démocratique, proclamée par le Front Polisario. Cette histoire complexe et le dossier sensible du Sahara occidental continuent de nourrir la méfiance et les tensions entre les deux nations.
La situation s’est encore détériorée à la suite des incendies meurtriers qui ont ravagé le nord de l’Algérie en août 2021, faisant au moins 90 morts. Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, avait accusé des groupes terroristes, dont le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), d’être à l’origine de ces incendies. Tebboune a également évoqué une implication marocaine dans ces actes criminels, bien que ces accusations n’aient pas été accompagnées de preuves concrètes. En réponse à ces événements, le Haut Conseil de sécurité algérien a décidé de « revoir » les relations avec le Maroc, intensifiant les contrôles sécuritaires aux frontières. Cette révision des relations a culminé avec l’annonce de la rupture diplomatique.
Malgré la gravité de cette décision, Lamamra a assuré que cette rupture ne toucherait pas directement les citoyens des deux pays. Les affaires consulaires continueront à fonctionner normalement, permettant ainsi aux citoyens de maintenir leurs activités quotidiennes et leurs relations familiales de part et d’autre de la frontière. Cette garantie vise à minimiser l’impact humain de cette décision politique et à éviter une détérioration supplémentaire des relations entre les populations des deux pays.
Lire également :
Voyage : est-ce qu’un Algérien peut aller au Maroc sans visa ?