Gravement accusée par le Mali, l’Algérie riposte fermement

Algérie drone armé

Une vive tension diplomatique s’est installée entre l’Algérie et le Mali. Dans un communiqué officiel rendu public ce lundi 7 avril 2025, le ministère algérien des Affaires étrangères a exprimé sa « grande consternation » face aux déclarations du gouvernement de transition malien et du collège des Chefs d’État de la Confédération des États du Sahel (CES). Le ton est grave, les mots choisis sont forts, traduisant une rupture sérieuse dans les relations bilatérales.

Selon le communiqué, Alger rejette catégoriquement les accusations portées à son encontre par la junte malienne. Ces accusations, qualifiées de « mensongères » et « infondées », sont perçues par les autorités algériennes comme une tentative désespérée de détourner l’attention des échecs du régime militaire au pouvoir à Bamako.

Pour Alger, les maux que traverse actuellement le Mali – instabilité, insécurité, misère – sont directement liés à une gouvernance qu’elle juge « putschiste » et déconnectée des aspirations réelles du peuple malien. Le communiqué ne ménage pas ses critiques, parlant de « clique inconstitutionnelle » dont les seuls succès seraient liés à des « ambitions personnelles », au détriment du bien-être de la nation malienne.

L’élément déclencheur de cette montée de tension semble être la destruction par les forces algériennes d’un drone malien, intervenu dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2025. Le ministère algérien de la Défense nationale avait déjà publié un communiqué à ce sujet, expliquant que l’appareil avait violé l’espace aérien algérien à hauteur de 1,6 km, avant d’adopter une trajectoire jugée offensive. Une telle incursion a été immédiatement qualifiée de « manœuvre d’hostilité caractérisée », justifiant son interception et sa destruction.

Mais l’Algérie va plus loin. Elle révèle que cet incident n’est pas isolé. En effet, deux précédentes violations de l’espace aérien algérien par des drones maliens ont eu lieu les 27 août et 29 décembre 2024. Des faits que les autorités militaires algériennes affirment avoir soigneusement documentés, notamment via des images radar conservées dans leur base de données.

Ce que rejette avec le plus de fermeté Alger, ce sont les insinuations du Mali et de ses alliés du CES liant indirectement l’Algérie au terrorisme dans la région. Pour les autorités algériennes, une telle collusion « manque tellement de sérieux qu’il serait superflu de lui prêter attention ». L’Algérie rappelle qu’elle est un acteur central, crédible et engagé dans la lutte contre le terrorisme au niveau régional, voire continental.

La réponse algérienne ne s’arrête pas là. En réaction à ce qu’elle qualifie de « langage outrancier et injustifié », l’Algérie annonce plusieurs mesures diplomatiques : le rappel pour consultation de ses ambassadeurs au Mali et au Niger, ainsi que le report de la prise de fonction de son nouvel ambassadeur au Burkina Faso. Ces décisions marquent un tournant dans les relations entre l’Algérie et ces pays membres de la CES, avec lesquels elle partage pourtant des frontières, des enjeux sécuritaires et un passé de coopération.

Alger regrette aussi « l’alignement inconsidéré » du Niger et du Burkina Faso sur les positions maliennes. Un choix qui, selon elle, ne fait qu’isoler davantage ces États d’une dynamique de dialogue et de stabilité régionale que l’Algérie tente de promouvoir.

À travers ce communiqué, l’Algérie affiche clairement sa volonté de ne pas céder aux provocations. Mais elle montre aussi qu’elle ne tolérera pas que sa souveraineté soit bafouée ou que son image soit ternie par des régimes qu’elle juge en déroute. Le ton est donné, la tension est palpable, et cette crise diplomatique pourrait bien s’inscrire dans la durée si des signaux d’apaisement ne sont pas envoyés rapidement depuis Bamako, Niamey ou Ouagadougou.

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