Guerre d’Algérie : il ne touche pas sa pension « car il lui manque trois jours »

Viols coloniaux guerre d'Algérie

La guerre d’Algérie a laissé derrière elle des milliers de soldats marqués par les épreuves du conflit. Parmi eux, un ancien combattant de 84 ans se retrouve aujourd’hui privé de l’allocation de reconnaissance du combattant pour une raison des plus absurdes : il lui manque exactement trois jours de service pour obtenir sa carte de combattant, document indispensable pour percevoir cette aide.

Cet homme, résidant dans l’Indre, a été mobilisé le 3 janvier 1961, dans un contexte où la guerre battait son plein et où les jeunes soldats étaient envoyés sur le terrain sans toujours mesurer l’ampleur des sacrifices qu’ils allaient devoir consentir. Malgré des problèmes de santé avérés, il avait répondu à l’appel et accompli son devoir sous le drapeau français. Or, alors qu’il s’apprêtait à recevoir sa carte de combattant, il a été révoqué, mettant brutalement fin à son espoir de reconnaissance officielle. Cette situation a été dénoncée par le président de l’Union des Combattants de l’Indre, Francis Mory, lors de leur assemblée générale du 15 février 2025. « Il n’a rien du tout, car il lui manque trois jours », a-t-il confié au média français La Nouvelle République.

L’allocation de reconnaissance du combattant est une somme versée en témoignage de la reconnaissance nationale par le ministère en charge des anciens combattants. Son montant s’élève à 835,64 euros par an et son attribution repose uniquement sur la possession de la carte de combattant. Or, ce document est délivré aux anciens militaires ayant servi au moins 120 jours en Algérie pendant le conflit. Le problème de ce vétéran, c’est qu’il n’a pu justifier que de 117 jours. Trois jours de différence qui suffisent à lui refuser cette aide, pourtant conçue pour honorer ceux qui ont risqué leur vie pour la nation.

Cette situation illustre une faille administrative qui touche plusieurs anciens soldats ayant combattu en Algérie. Des cas similaires existent, où des soldats ont été démobilisés ou déplacés avant d’avoir atteint le seuil requis. La rigueur des critères administratifs prive ainsi certains vétérans d’une reconnaissance pourtant légitime. Si, pour beaucoup, cette allocation peut sembler modeste, elle représente une marque de respect et de gratitude de la part de l’État envers ceux qui ont servi.

L’Union des Combattants de l’Indre ne compte pas en rester là. Elle entend interpeller les autorités compétentes afin de faire évoluer les critères d’attribution de cette allocation. Une question demeure : pourquoi ne pas assouplir les règles pour permettre à des soldats ayant servi en conditions réelles de bénéficier de cette aide, même s’ils ne remplissent pas les conditions strictes à la lettre ? La rigidité administrative peut-elle primer sur l’esprit de reconnaissance envers les anciens combattants ?

À 84 ans, cet homme, comme d’autres dans sa situation, espère encore une décision qui rétablirait une certaine justice. Car au-delà de l’argent, c’est avant tout une question de dignité et de reconnaissance qui se joue. L’histoire de ce soldat rappelle que, des décennies après la fin du conflit, les séquelles de la guerre d’Algérie ne se limitent pas aux souvenirs des combats, mais persistent aussi dans les méandres des décisions administratives.

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