« Gwer », Algériens, Marocains : la blague de Mustapha El Atrassi qui fait scandale

Mustapha El Atrassi

Mustapha El Atrassi, humoriste connu pour son humour incisif, s’est retrouvé au centre d’un tourbillon médiatique après une séquence devenue virale sur les réseaux sociaux. Lors de l’un de ses spectacles récents, l’humoriste, lui-même d’origine marocaine, a déclenché une vive polémique en évoquant les relations entre les Algériens, les Marocains et les « gwers », un terme utilisé dans certains contextes maghrébins pour désigner les personnes blanches ou occidentales.

La phrase qui a mis le feu aux poudres est prononcée dans un moment de complicité avec son public, composé de nombreux Algériens : « On est ensemble, on est unis et je vous le dis pour la dernière fois, tout le temps qu’on perd à s’insulter entre Marocains et Algériens, c’est du temps perdu à insulter les gwers », déclare-t-il, déclenchant les rires et les applaudissements dans la salle. Dans la foulée, il enchaîne avec un ton volontairement provocateur : « Libérez du temps pour les gwers ! », une formule qui deviendra en quelques heures l’extrait le plus partagé de la soirée.

Mais ce qui devait rester un moment de spectacle s’est transformé en affaire publique, notamment après la diffusion de la vidéo sur plusieurs plateformes. Les réactions ne se sont pas fait attendre, en particulier du côté de certains groupes politiques d’extrême droite qui y ont vu un appel à la haine déguisé. La tension est montée d’un cran lorsqu’un spectateur présent dans la salle s’est levé et a quitté les lieux, visiblement choqué. Mustapha El Atrassi l’interpelle alors : « Où allez-vous ? », ce à quoi l’homme répond : « Apparemment, je ne suis pas le bienvenu car je suis un gwer ». Ce dialogue bref mais lourd de sens a été capturé et partagé, donnant un second souffle à la controverse. Une fois l’homme sorti, l’humoriste conclut avec une ironie caractéristique : « J’ai fâché les gwers. On n’est pas mieux là ? »

Le terme « gwer », ou « gawri », a des origines anciennes et est souvent utilisé dans les pays du Maghreb pour désigner de manière informelle, voire familière, un Occidental, généralement non musulman et à la peau blanche. Son emploi varie selon le contexte et l’intention de celui qui le prononce. Toutefois, dans le climat actuel, où les tensions identitaires sont exacerbées, ce mot, utilisé sur scène avec une pointe d’humour acide, a eu un écho très différent auprès de certains spectateurs. Ce qui a été perçu comme une blague par certains, notamment parmi les Algériens et les Marocains présents dans la salle, a été vécu comme une offense directe par d’autres, ce qui a contribué à l’amplification rapide de la polémique.

Il faut dire que Mustapha El Atrassi, dont le style est souvent basé sur une confrontation avec les stéréotypes, n’en est pas à sa première controverse. Cependant, cette fois-ci, la réaction a pris une ampleur inattendue, touchant autant les communautés d’Algériens et de Marocains en France que les sphères politiques. De nombreux internautes, eux-mêmes Algériens ou Marocains, ont partagé la vidéo en donnant des interprétations diverses, certains dénonçant une maladresse de l’humoriste, d’autres défendant une liberté d’expression souvent menacée dans le monde artistique. Ce qui est certain, c’est que l’humoriste ne s’attendait sans doute pas à ce que ce trait d’humour, destiné à détendre et à souligner la fraternité entre les Marocains et les Algériens, soit perçu comme une attaque par une partie du public.

En quelques heures, les mots d’El Atrassi ont donc franchi les murs de la salle pour se retrouver au cœur des débats sur les chaînes d’information, les forums et les réseaux sociaux. Le climat déjà tendu autour des questions d’identité et de cohabitation en France n’a fait qu’amplifier la portée de l’événement. Certains commentateurs y voient une illustration du fossé culturel entre l’humour maghrébin et la sensibilité occidentale. D’autres dénoncent l’exploitation politique de propos tenus dans un cadre artistique.