Le harcèlement dans les rues d’Algérie est un fléau que dénoncent de plus en plus de femmes, et cela prend une nouvelle tournure. Ces dernières semaines, une véritable vague de vidéos a envahi les réseaux sociaux, notamment TikTok et Facebook, dans lesquelles des femmes filment leurs agresseurs présumés. L’objectif affiché est clair : exposer le harcèlement de manière directe, visuelle, et publique, afin de sensibiliser, alerter et réclamer justice. Ce phénomène soulève aujourd’hui une question délicate : cette pratique massive, spontanée et virale est-elle réellement légale ou expose-t-elle les femmes à des poursuites judiciaires, malgré leur volonté de dénoncer un harcèlement réel en Algérie ?
Des centaines de femmes ont ainsi choisi de documenter leur quotidien, de filmer en pleine rue, dans les bus, dans les files d’attente ou au volant, des scènes d’harcèlement en Algérie. Étudiantes, salariées, adolescentes ou mères de famille, elles dénoncent des regards insistants, des propos déplacés, des tentatives de contact non désiré, ou même des suivis à pied ou en voiture. Les vidéos montrent souvent des hommes, jeunes ou plus âgés, surpris en flagrant délit de comportement inapproprié, parfois même dans des lieux bondés, sans que personne n’intervienne. Les images sont ensuite publiées avec le hashtag « Non au harcèlement en Algérie », créant une tendance virale mais controversée.
La popularité de cette trend est révélatrice d’un ras-le-bol général. Pour de nombreuses femmes en Algérie, le harcèlement est quotidien et systémique, et les réponses institutionnelles sont jugées insuffisantes. D’où cette volonté d’utiliser les outils numériques comme moyen de défense. Mais la question légale, elle, reste entière. En Algérie, le Code pénal encadre la question de la vie privée, et filmer une personne à son insu, même dans un lieu public, est une pratique encadrée par la loi. C’est cette nuance qui inquiète une partie des internautes, qui appellent les femmes à la prudence face aux conséquences juridiques possibles, même dans un contexte de harcèlement manifeste.
Un avocat, interrogé par DNAlgérie, apporte une précision essentielle. Il explique que la captation d’images ou de vidéos peut tout à fait être utilisée dans le cadre d’une plainte officielle. Si une femme est victime de harcèlement en Algérie et qu’elle souhaite fournir une preuve concrète, la vidéo filmée à l’instant des faits peut constituer un élément recevable devant la justice. En revanche, il distingue clairement ce geste de celui de diffuser publiquement les images sur les réseaux sociaux. Selon lui, cette exposition non autorisée de la personne filmée, même dans un contexte d’harcèlement, peut être assimilée à une atteinte à la vie privée ou à la diffamation, selon l’interprétation que fait le juge de la situation.
Les femmes qui participent à cette trend ne se considèrent pas comme des délinquantes, mais comme des citoyennes excédées par l’inaction ou la banalisation du harcèlement dans les espaces publics. Pourtant, en publiant une vidéo sur TikTok ou Facebook, elles s’exposent, parfois à leur insu, à d’éventuelles plaintes de la part des individus filmés, même si ces derniers sont clairement en train d’harceler une femme dans une rue d’Algérie.
Tant que le harcèlement restera fréquent et que les femmes ne se sentiront pas protégées, ces initiatives continueront d’émerger, entre besoin de justice et risque légal. En attendant une clarification officielle, les femmes algériennes engagées dans cette campagne devront naviguer entre visibilité, légitimité et prudence face à un harcèlement persistant dans les rues d’Algérie.