Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Kamel Baddari, a récemment été interpellé lors d’une session plénière de l’Assemblée populaire nationale (APN) concernant une problématique qui préoccupe de nombreux Algériens, notamment l’authentification des diplômes des médecins et l’exode des professionnels de la santé en Algérie. Cette question, soulevée par le député Abdelouahab Yagoubi, met en lumière les défis auxquels fait face le secteur de la santé en Algérie, ainsi que les droits des citoyens à circuler librement.
Yagoubi, représentant la communauté algérienne à l’étranger, a fait valoir que le gel des opérations d’authentification des diplômes, qui touche particulièrement les médecins, va à l’encontre des droits fondamentaux énoncés dans la Constitution algérienne et la Déclaration universelle des droits de l’homme. En effet, l’article 49 de la Constitution garantit la liberté de circulation, un principe qui devrait permettre à tous les citoyens de travailler où bon leur semble, sans entrave.
En réponse, Kamel Baddari a clarifié que l’authentification des diplômes universitaires n’était pas totalement interrompue. Il a affirmé que le ministère avait procédé à l’authentification de plus de 100.000 diplômes en 2023. Toutefois, il a reconnu que certaines spécialités étaient concernées par un gel temporaire. Ce gel, selon lui, est justifié par les besoins criants de l’Algérie en matière de professionnels de la santé et les effets indésirables observés après l’authentification, à savoir la fuite des talents à l’étranger.
Ce constat est préoccupant, car de nombreux médecins diplômés choisissent de s’installer à l’étranger, attirés par de meilleures conditions de travail, de salaire et des infrastructures médicales plus développées. La France, ainsi que d’autres pays européens, l’Amérique du Nord et les États du Golfe, sont des destinations prisées. Le ministre a promis d’adopter une nouvelle stratégie face à ce phénomène sans cependant donner de détails sur la levée du gel ou les mesures envisagées.
Loin de se contenter d’une réponse vague, Baddari a encouragé un échange d’idées avec le député Yagoubi, soulignant l’importance d’un débat constructif pour élaborer des décisions éclairées sur cette épineuse question d’authentification des diplômes des médecins en Algérie. Cette invitation à la discussion a été bien accueillie par Yagoubi, qui a souligné que des décisions doivent toujours être précédées d’études d’impact approfondies. Le député a proposé que des exemples étrangers soient examinés, notamment celui de l’Inde, qui a su tirer parti de sa diaspora. Avec environ 300 millions d’expatriés, l’Inde a développé un modèle où les pays d’accueil contribuent au coût de la formation des professionnels qui choisissent de travailler à l’étranger.
Yagoubi a suggéré que l’Algérie pourrait envisager un modèle similaire, incitant les États qui recrutent des professionnels algériens à participer financièrement à leur formation. Une telle initiative pourrait non seulement compenser les coûts de formation, mais également inciter les diplômés à envisager un retour au pays, renforçant ainsi le secteur de la santé en Algérie.
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L’exode des talents médicaux est un enjeu majeur pour l’Algérie, un pays qui doit faire face à des défis croissants en matière de soins de santé. L’authentification des diplômes est un aspect crucial de ce problème, mais il ne doit pas être traité isolément. Une approche intégrée, impliquant le gouvernement, les institutions de formation et les pays d’accueil, pourrait permettre d’élaborer des solutions durables et de renforcer les capacités locales.