Au Canada, la province du Québec a annoncé un tournant majeur dans sa politique migratoire, provoquant un véritable séisme au sein de la communauté algérienne installée dans la Belle Province. Le nouveau plan d’immigration, présenté par le ministre québécois de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Jean-François Roberge, a pour but de réduire drastiquement le nombre de nouveaux arrivants. Pour de nombreux Algériens déjà établis à Montréal ou désireux de s’y installer, cette décision est perçue comme une fermeture symbolique et concrète des portes du Québec à leur égard.
Ce plan, qui s’étendra sur la période 2026-2029, fixe le nombre d’admissions à 45 000 immigrants permanents par an, avec une marge allant de 43 000 à 47 000. Un seuil en net recul comparé aux années précédentes où la province accueillait jusqu’à 60 000 nouveaux résidents. Cette réduction s’accompagne d’une série de réformes structurelles qui changent profondément les conditions d’accès à l’immigration permanente. Parmi les mesures les plus marquantes, figure la suppression du Programme de l’expérience québécoise (PEQ), qui était jusqu’ici la voie privilégiée pour les étudiants étrangers diplômés et les travailleurs temporaires souhaitant s’établir durablement. Le PEQ sera remplacé par un nouveau dispositif plus sélectif, le Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ).
Cette évolution marque une volonté claire du gouvernement du Québec de renforcer le contrôle sur le profil des candidats admis, en insistant sur la maîtrise du français et sur une meilleure répartition régionale des nouveaux arrivants. Le ministre Roberge a d’ailleurs déclaré : « Devenir résident permanent, devenir Québécois, c’est un privilège, ce n’est pas un droit. » Le message est explicite : la priorité sera donnée à ceux qui s’installent en dehors des grands centres urbains comme Montréal et Laval, où la majorité des Algériens résident actuellement.
Les conséquences pour la diaspora algérienne du Québec sont immédiates et profondes. Sur les réseaux sociaux, l’inquiétude est palpable. Le groupe Facebook « Les Algériens de Montréal » a exprimé ses craintes le 7 novembre dernier, estimant que « le PSTQ rendra pratiquement impossible d’obtenir une invitation à l’immigration permanente pour ceux qui habitent Montréal ou Laval ». Plusieurs membres de la communauté conseillent déjà à leurs compatriotes de se tourner vers d’autres régions du Québec afin de maximiser leurs chances. Pour les jeunes Algériens venus étudier ou travailler temporairement, ce virage politique remet en cause leurs projets d’installation à long terme.
Le gouvernement québécois vise également une réduction de 13 % de l’immigration temporaire dans les quatre prochaines années. Cela signifie moins de permis d’études et de travail délivrés, réduisant de fait les opportunités de transition vers un statut permanent. Même les regroupements familiaux, souvent considérés comme un droit fondamental, seront soumis à des quotas limités entre 9 600 et 10 400 pour l’année 2026. Ce durcissement touche donc toutes les catégories d’immigration et risque d’affecter directement la vitalité de la communauté algérienne au Québec, qui représente l’une des plus importantes diasporas nord-africaines du pays.
Cette décision, officiellement justifiée par la nécessité de « mieux intégrer » les nouveaux arrivants francophones et de préserver la langue française, suscite un débat de fond sur la vision du Québec en matière d’ouverture et de diversité. Pour de nombreux observateurs, ces mesures pourraient freiner la contribution de milliers de jeunes talents algériens, souvent hautement qualifiés et francophones, qui voyaient dans le Québec une destination naturelle et accueillante.