L’Algérie vient de fixer un prix maximal pour l’importation des têtes ovines en prévision de l’Aïd El Adha, une initiative décidée par le président Abdelmadjid Tebboune pour stabiliser le marché et rendre les prix plus accessibles aux citoyens. Selon les informations dévoilées par l’expert agricole Mohamed Lotfi Gharnaout, cette opération est encadrée par un cahier des charges rigoureux et mobilise plusieurs groupes agricoles publics tels qu’Alviar, Global Agri Food (groupe Madar), la Sarpa et la filiale Frigomdit Cetrad.
Le processus d’importation a été confié à des acteurs expérimentés, notamment des coopératives d’élevage, des producteurs éleveurs et des fournisseurs spécialisés dans l’exportation de cheptels vifs. Pour garantir la qualité et la conformité des bêtes destinées au sacrifice, les ovins doivent provenir exclusivement de pays ayant obtenu l’agrément des autorités sanitaires algériennes. Les entreprises intéressées sont ainsi appelées à soumettre leurs offres avec une documentation complète, incluant un calendrier de livraison, une fiche technique, un devis quantitatif et un bordereau de prix unitaire.
Concernant le coût de ces importations, une fourchette de prix allant de 180 à 225 euros par tête a été établie. Cette mesure vise à assurer des prix raisonnables sur le marché, particulièrement après la flambée observée l’année dernière qui avait empêché de nombreuses familles de célébrer le sacrifice rituel. En exonérant ces importations de droits et taxes, le gouvernement entend faciliter l’accès à des moutons à des tarifs plus abordables.
Lors du dernier Conseil des ministres, il a été confirmé que les offres de trois pays répondant aux normes sanitaires algériennes avaient été validées. Parmi les pays éligibles à l’exportation de bétail vers l’Algérie, on retrouve le Portugal, l’Irlande, l’Uruguay, la Moldavie et la Roumanie. Selon une source proche du groupe Alviar, les discussions sont toujours en cours pour finaliser les accords avec ces pays, en tenant compte des critères techniques et logistiques. Le Portugal devrait figurer parmi les principaux fournisseurs, d’après l’expert Lotfi Gharnaout.
Cependant, des incertitudes subsistent concernant la Roumanie, un pays qui avait déjà exporté du bétail vers l’Algérie l’année dernière. La Roumanie fait actuellement face à une épidémie de peste ovine, ce qui a conduit l’Union européenne à suspendre les exportations de bétail entre les États membres. Toutefois, selon le Dr Mihai Sorin Voloșeniuc, directeur exécutif de la Direction sanitaire vétérinaire et de sécurité alimentaire de Suceava, cette interdiction ne concerne pas les pays situés hors de l’Union européenne, et l’exportation vers l’Algérie pourrait donc se poursuivre en respectant les exigences sanitaires imposées.
Avec des prix d’importation fixés entre 26 000 et 32 500 dinars algériens au taux officiel de la Banque d’Algérie, les analystes anticipent une baisse des prix sur le marché national par rapport aux tarifs exorbitants pratiqués en 2024. L’année dernière, les éleveurs locaux avaient justifié la hausse des prix par l’augmentation du coût des aliments pour bétail et des difficultés logistiques. Cette année, l’importation massive vise à contrebalancer ces effets et à stabiliser l’offre.
L’Algérie, qui cherche à équilibrer les importations avec un soutien accru à l’élevage local, mise sur cette initiative pour offrir des prix raisonnables aux consommateurs tout en évitant une dépendance excessive vis-à-vis des marchés étrangers. Reste à voir si cette stratégie portera ses fruits et si le coût des moutons restera abordable jusqu’à la célébration de l’Aïd El Adha.
Lire également :
Nouvelle allocation touristique de 750 euros : l’Algérie fixe une nouvelle date
Voyage France Algérie : un douanier brave une interdiction, il risque gros
Aïd el-Fitr 2025 : la fonction publique fait l’annonce tant attendue