Un scandale d’une ampleur inédite vient de secouer Alger, après le démantèlement d’un vaste réseau de falsification impliqué dans l’importation de véhicules. Cette affaire, qui met en lumière un système organisé mêlant corruption administrative et fraude documentaire, révèle des pratiques illégales au sein même de certaines institutions publiques. Les premiers éléments de l’enquête démontrent que des cartes de résidence et certificats d’hébergement falsifiés ont été utilisés pour immatriculer des véhicules importés dans des conditions douteuses. Les faits, révélés par les enquêteurs de la Gendarmerie nationale à Chéraga, plongent Alger dans une nouvelle affaire judiciaire mêlant argent, privilèges et détournements administratifs.
Selon les informations rapportées, l’enquête a permis de dévoiler un réseau actif au sein des services administratifs de la commune de Zéralda à Alger. Depuis janvier 2025, les investigations menées par la brigade de recherche ont mis au jour un mécanisme sophistiqué de falsification impliquant plusieurs fonctionnaires municipaux. Ces derniers délivraient de faux certificats d’hébergement et des cartes de résidence à des personnes n’habitant pas réellement dans la circonscription. Ces documents permettaient ensuite d’obtenir des cartes grises pour des véhicules importés. L’affaire a rapidement pris de l’ampleur lorsque les enquêteurs ont découvert que certains de ces véhicules provenaient de l’étranger et bénéficiaient d’exemptions administratives grâce à des licences spéciales.
Le réseau ne se limitait pas à de simples manipulations administratives. Il concernait aussi des véhicules importés via des licences de moudjahidine, un dispositif réservé à une catégorie précise de citoyens. Des transferts de propriété de ces véhicules étaient effectués avant la fin des délais légaux, souvent en l’absence des véritables titulaires des licences. Des agents de la commune de Zéralda auraient accordé des facilités en échange de sommes d’argent, transformant le service public en véritable plateforme de trafic. L’enquête sur ce réseau basé à Alger a ainsi mis en évidence un système où les véhicules importés devenaient le centre d’un commerce illégal de documents et d’avantages administratifs.
Au total, quatorze personnes ont été mises en cause, dont cinq fonctionnaires de l’Assemblée Populaire Communale (APC) de Zéralda. Parmi eux figurent le chef du service de l’état civil, le responsable du service des cartes grises et plusieurs employés. Ces derniers sont accusés de falsification, d’usage de faux, d’abus de fonction et d’atteinte aux systèmes informatiques de l’administration. Des citoyens ayant bénéficié de ces pratiques sont également poursuivis. Tous auraient participé, directement ou indirectement, à l’émission de documents administratifs frauduleux servant à régulariser des véhicules importés illégalement.
Le tribunal de Chéraga, chargé d’instruire le dossier, a examiné les faits lors d’une audience qui s’est tenue le lundi 13 octobre. L’enquête, couvrant la période de 2021 à 2024, a permis d’établir que les pratiques frauduleuses étaient récurrentes et structurées. Les enquêteurs ont découvert que des cartes grises avaient été délivrées sur la base de dossiers falsifiés, contenant des certificats d’hébergement et des cartes de résidence fabriqués de toutes pièces. Des véhicules importés des wilayas d’Annaba, de Mila et d’Oran figuraient parmi ceux concernés par ces manœuvres illégales. La falsification des documents administratifs et la précipitation des transferts de propriété avant la fin des délais légaux ont confirmé la gravité du réseau mis en place.
Lors de l’audience, la majorité des accusés ont nié toute implication. Le chef du service biométrique et de l’état civil a affirmé n’avoir commis aucune infraction et a justifié son rôle par une délégation de signature conforme à la réglementation. Il a rejeté les accusations d’introduction de données erronées dans le système automatisé de l’état civil. Ses déclarations ont été soutenues par ses avocats, qui ont dénoncé l’absence de preuves matérielles et la faiblesse du dossier. La défense a insisté sur le fait qu’aucun document falsifié original n’avait été produit, et que les charges reposaient sur des soupçons plutôt que sur des éléments tangibles.
De son côté, l’APC de Zéralda, considérée comme victime dans cette affaire, s’est constituée partie civile et a réclamé une indemnisation de 50 000 dinars pour le préjudice subi. Le procureur, en revanche, a requis une peine exemplaire : dix ans de prison ferme et une amende d’un million de dinars à l’encontre de tous les accusés, soulignant la gravité des faits et l’atteinte à la crédibilité des institutions publiques. Le jugement a été mis en délibéré, et la décision finale sera rendue à une date ultérieure.