Le phénomène d’importation de véhicules en Algérie via la Libye connaît une recrudescence inquiétante. Attirés par des prix attractifs et des modèles introuvables sur le marché local, de nombreux Algériens se tournent vers cette voie parallèle. Pourtant, derrière cette importation de véhicules en Algérie se cache un système opaque, alimenté par des réseaux criminels qui exploitent les failles administratives et la vulnérabilité de jeunes Libyens. Le ministère libyen des Affaires étrangères a récemment publié un communiqué alarmant, dénonçant un trafic de voitures vers les pays voisins, dont l’Algérie, et mettant en lumière les dangers liés à cette importation de véhicules en Algérie.
Ces réseaux criminels, bien organisés, recrutent des jeunes Libyens en leur promettant des sommes d’argent alléchantes. Ces jeunes, souvent sans emploi et en quête de revenus rapides, se retrouvent impliqués dans des opérations de contrebande. Ils sont chargés de transférer les véhicules vers l’Algérie, dans le cadre d’une importation qui, bien que parfois maquillée en légale, repose sur des pratiques douteuses. Une fois en territoire algérien, ces intermédiaires sont exposés à des poursuites judiciaires, à la confiscation des véhicules et à des conditions de détention précaires. L’importation de véhicules en Algérie devient alors un piège pour ceux qui pensaient simplement faire une bonne affaire.
La procédure d’acquisition d’un véhicule en Libye, dans le cadre d’une importation vers l’Algérie, repose sur des étapes précises. Le citoyen algérien doit d’abord obtenir une carte de résidence libyenne. Ce document est indispensable pour acheter un véhicule sur le sol libyen. Ensuite, l’importation de véhicules en Algérie exige que le propriétaire sorte régulièrement la voiture du territoire algérien, tous les trois à six mois, pour la faire tamponner par les douanes libyennes. Cette exigence, lourde sur le plan logistique, est souvent contournée par les trafiquants, qui proposent des solutions « clés en main » à des acheteurs peu informés.
Mustefa Zebdi, président de l’Association de protection des consommateurs, a rappelé dans une déclaration au journal El Khabar que l’achat d’une voiture en Libye et son importation en Algérie ne sont possibles que sur présentation d’un titre de séjour. Les douanes libyennes confirment cette règle : aucun étranger non résident n’est autorisé à acheter un véhicule et à le faire sortir du pays sans ce document. Cette contrainte est précisément celle que les réseaux criminels exploitent, en fabriquant de faux titres ou en utilisant des résidents comme prête-noms.
L’importation de véhicules en Algérie via la Libye est donc un processus à haut risque. Les acheteurs algériens, souvent mal informés, s’exposent à des sanctions sévères. Les véhicules peuvent être saisis, les documents jugés non conformes, et les propriétaires poursuivis pour fraude ou complicité de contrebande. De plus, les conditions de détention dans certains postes frontaliers ou centres de rétention sont loin de respecter les standards internationaux, exposant les individus à des traitements inhumains.
Ce commerce parallèle, bien qu’il réponde à une demande réelle sur le marché algérien, ne peut être dissocié des enjeux sécuritaires et juridiques qu’il soulève. L’importation de véhicules en Algérie, lorsqu’elle est effectuée via des circuits non officiels, devient un vecteur de criminalité transfrontalière. Les autorités algériennes et libyennes tentent de renforcer les contrôles, mais les réseaux s’adaptent rapidement, exploitant chaque faille du système.