« Indigne » : l’APS charge Bruno Retailleau

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L’annonce est tombée comme un coup de tonnerre dans le ciel déjà nuageux des relations diplomatiques entre Alger et Paris. Ce lundi 14 avril 2025, le ministère algérien des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines a confirmé, via un communiqué relayé par l’APS, de l’expulsion de douze agents français affectés à l’Ambassade et aux Consulats de France en Algérie. Qualifiés de persona non grata, ces agents, qui dépendent du ministère de l’Intérieur français, disposent d’un délai de 48 heures pour quitter le territoire algérien. Une mesure forte, souveraine et assumée, prise en représailles à un incident jugé « spectaculaire et ostentatoire » survenu en France quelques jours plus tôt.

Selon l’APS, cette décision découle directement de « l’arrestation spectaculaire et ostentatoire, sur la voie publique, par les services sous tutelle du ministère de l’intérieur français d’un agent consulaire d’un État souverain accrédité en France, en date du 8 avril 2025 ». Cette interpellation, qui aurait pu passer pour une simple opération policière, prend une toute autre tournure dans le contexte diplomatique. En effet, le diplomate arrêté bénéficiait d’une immunité consulaire, comme le stipulent les conventions internationales en vigueur. Or, l’Algérie estime que cet acte a été commis « sans aucune considération du statut consulaire de cet agent », et en « flagrante violation des conventions et traités pertinents en la matière », d’après les propos rapportés par l’agence officielle.

Mais ce qui a véritablement enflammé Alger, c’est l’interprétation de cette arrestation comme une humiliation volontaire. L’APS n’hésite pas à affirmer que ce « procédé indigne » aurait été orchestré « par lequel le ministre de l’Intérieur voulait rabaisser l’Algérie », soulignant ainsi l’intention perçue derrière l’acte. Sans nommer explicitement Bruno Retailleau, le communiqué officiel lui attribue la pleine responsabilité de la détérioration actuelle des relations bilatérales. L’APS va même jusqu’à dresser un portrait au vitriol du ministre de l’Intérieur français, affirmant qu’il « excelle dans les barbouzeries à des fins purement personnelles » et qu’il est en « manque flagrant de discernement politique ».

Loin de minimiser l’incident, Alger considère que le ministre a délibérément outrepassé les limites diplomatiques, en procédant à une « vulgaire arrestation d’un agent consulaire protégé par les immunités et privilèges rattachés à son statut » et en le traitant « de façon honteuse et indigne tel un voleur ». Ces mots, lourds de sens, traduisent une indignation profonde, d’autant plus que cette affaire survient à un moment que l’APS qualifie de « phase de décrispation ». Une phase amorcée récemment par un échange téléphonique entre les présidents des deux pays, suivi par la visite en Algérie du ministre français des Affaires étrangères. En d’autres termes, l’arrestation en question aurait compromis un processus de rapprochement délicat, mettant à mal les efforts diplomatiques entrepris des deux côtés.

Face à cette situation, l’Algérie ne se contente pas d’une réaction ponctuelle. Le communiqué, relayé fidèlement par l’APS, contient également un avertissement explicite, indiquant que « toute autre nouvelle action attentatoire du ministre de l’intérieur français recevra, sur la base de la réciprocité, une réponse ferme et adéquate ». Cette phrase, lourde de conséquences, suggère que d’autres mesures pourraient être prises si des gestes similaires venaient à se reproduire. Il s’agit d’un rappel ferme aux principes de respect mutuel et de souveraineté qui fondent les relations internationales.

Dans ce contexte tendu, les mots employés par l’APS ne laissent aucune place à l’ambiguïté. Parler de « barbouzeries », de « vulgarité », d’ »indignité », c’est frapper fort, c’est signaler clairement que l’Algérie ne tolérera plus aucun écart perçu comme un affront. Le langage diplomatique se fait ici cinglant, sans détour, révélateur d’un profond malaise entre les deux pays. Alors que les observateurs espéraient une normalisation progressive, cet incident ravive des tensions anciennes et rappelle combien la relation algéro-française peut, en quelques jours, basculer du dialogue au bras de fer.

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