L’insolite ne cesse de surprendre en France, et cette fois-ci, c’est une supposée pénurie d’œufs qui a déclenché une vague d’accusations pour le moins inattendues. Certains chroniqueurs, sur des plateaux de télévision, ont pointé du doigt une communauté bien précise : les Algériens, qui auraient, selon eux, une responsabilité dans la raréfaction des oeufs dans les supermarchés en France. Une théorie qui frôle l’absurde et qui a fait bondir de nombreux observateurs.
Dans les faits, la situation est bien différente. Contrairement aux rumeurs, il n’y a pas de véritable pénurie d’œufs en France. Certes, certaines enseignes constatent une disponibilité réduite, mais cela ne signifie pas une rupture de stock massive. En réalité, la consommation a augmenté de façon significative ces dernières années. L’inflation pousse les Français à se tourner vers des aliments plus abordables, et l’œuf s’impose comme une alternative idéale à la viande et au poisson, dont les prix ont flambé. Selon Emmanuel Fournet, spécialiste de la consommation, les Français ont consommé 300 millions d’œufs de plus en 2024 qu’en 2023.
La période du Ramadan est aussi un facteur qui entre en ligne de compte. Traditionnellement, la demande en œufs grimpe pendant ce mois, car ils sont largement utilisés dans les préparations culinaires. Cependant, d’autres éléments contribuent à ces ruptures ponctuelles. L’industrie agroalimentaire, qui utilise les œufs dans la production de pâtisseries et de crèmes glacées, en est un grand consommateur. L’offre, elle, reste stable, ce qui engendre ces tensions passagères dans les rayons des supermarchés.
Au lieu d’accuser une communauté, il serait plus judicieux d’analyser les véritables raisons de cette situation. La filière avicole française est en pleine transition vers des modes de production plus respectueux du bien-être animal, notamment avec l’abandon progressif des élevages en cages au profit des œufs de plein air. Ce changement impacte la productivité et peut expliquer certaines tensions sur le marché. Pour y remédier, 300 nouveaux poulaillers devraient voir le jour d’ici 2030 afin de répondre à la demande croissante.
Malgré ces fluctuations, les professionnels du secteur se veulent rassurants. Loïc Coulombel, du Centre national pour la promotion de l’œuf (CNPO), indique au Parisien que la situation n’a rien de comparable avec celle des États-Unis, durement touchés par la grippe aviaire. La France n’a recensé que deux cas en novembre 2024, sans impact significatif sur la production nationale.
Les enseignes de grande distribution, elles aussi, tentent de calmer le jeu. Un porte-parole de Coopérative U rappelle que même si certaines références manquent temporairement, il reste toujours des alternatives en rayon. L’enjeu principal est d’éviter un effet de panique similaire à celui observé lors de la supposée pénurie de beurre il y a quelques années.
La théorie selon laquelle les Algériens seraient responsables de la pénurie d’oeufs en France donc davantage du fantasme que de la réalité. Les dynamiques du marché, l’inflation et les changements structurels dans la production sont les véritables facteurs à prendre en compte. En fin de compte, les poules continueront à pondre, et les Français trouveront bien des œufs à mettre dans leur panier.
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