Inspecteur Tahar : des européens réalisent un long-métrage sublime

inspecteur Tahar

C’est à Bouira, au cœur de l’Algérie, que s’écrit actuellement une page unique du cinéma maghrébin. Une équipe d’artistes composée d’Algériens et de Néerlandais s’est installée dans cette wilaya pour donner vie à un projet cinématographique ambitieux et profondément symbolique. Le long métrage intitulé Enigma, actuellement en tournage, est dédié à une figure emblématique du cinéma algérien, le regretté Hadj Abderrahmane, plus connu sous le nom de l’inspecteur Tahar. Initié par le réalisateur et scénariste algéro-néerlandais Hakim Traidia, ce projet rend hommage à une légende qui a marqué de nombreuses générations à travers ses films cultes diffusés principalement entre les années 1960 et 1980.

Le tournage a débuté le 8 avril dans plusieurs sites de la ville de Bouira et se poursuivra jusqu’au 20 avril. Il s’agit d’un long métrage de 100 minutes, dont la sortie est prévue dans une version multilingue : arabe et néerlandaise, avec un sous-titrage en français et en anglais. Un choix qui illustre à la fois l’ouverture internationale du projet et la volonté de rendre ce récit accessible à un public large et diversifié. L’annonce a été faite par Mohamed Djennadi, chargé de la communication à la direction de la culture de la wilaya, lors d’une rencontre à la maison de la culture Ali Zamoum.

Selon Hakim Traidia, ce film n’est pas une simple biographie ou un remake des aventures de l’inspecteur Tahar. Il s’agit d’une création originale qui puise son essence dans l’univers de ce personnage emblématique tout en intégrant une narration contemporaine, à la frontière entre le réel et le virtuel. Le film Enigma propose ainsi une histoire audacieuse qui réunit les codes du drame, de la comédie et de la science-fiction.

Au cœur de l’intrigue, on découvre le personnage de Mouloud, un jeune passionné d’informatique, qui ambitionne de créer un jeu vidéo unique. Son inspiration lui vient de deux personnages bien réels : son père Dahmane et Yahia, deux anciens amis brouillés depuis longtemps. Jadis, ils formaient un duo comique d’imitateurs du célèbre tandem de l’inspecteur Tahar et de son apprenti. Malgré les nombreuses tentatives de Mouloud pour les réconcilier, le fossé entre les deux hommes semble infranchissable. Jusqu’au jour où Mouloud met la main sur un logiciel révolutionnaire capable de créer des avatars humains dans un monde virtuel.

C’est alors que débute une aventure hors du commun. En utilisant ce logiciel, Mouloud recrée numériquement son père et son ancien ami, et les projette dans un univers fictif où ils vont vivre des péripéties palpitantes. Ce scénario permet à la fois d’explorer des thématiques modernes comme la technologie, la mémoire, les conflits générationnels, tout en rendant hommage de manière créative à l’univers comique et populaire de l’inspecteur Tahar.

Côté casting, le film réunit plusieurs figures du cinéma algérien telles que Mustapha Laribi, Abdelkrim Derradji, Fodil Assoul et Mouni Boualem. À leurs côtés, des comédiens néerlandais viennent enrichir cette collaboration artistique transnationale. Le mélange des cultures, des langues et des expériences artistiques promet un film à la fois ancré dans l’identité algérienne et ouvert à une portée internationale.

Ce projet représente également un événement culturel important pour la ville de Bouira, qui accueille avec enthousiasme ce tournage. L’implication des autorités locales, notamment de la direction de la culture, témoigne du soutien institutionnel pour promouvoir des œuvres qui valorisent le patrimoine artistique national tout en innovant sur le plan narratif et technologique.

À travers Enigma, l’héritage de l’inspecteur Tahar est ainsi réinterprété à la lumière des enjeux contemporains. Il ne s’agit plus seulement de faire revivre un mythe, mais de créer un pont entre les souvenirs du passé et les potentialités de demain. La magie de ce film réside dans cette capacité à raconter une histoire universelle, faite de réconciliation, de transmission et d’imagination, en s’appuyant sur une icône culturelle algérienne adorée.

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