Dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes, l’Algérie a réagi fermement à l’évolution du traitement réservé par la France à la question du visa. Le ministère algérien des Affaires étrangères a exprimé son étonnement face à ce qu’il qualifie de « tournure étrange et suspecte » dans la communication et les décisions des autorités françaises, concernant notamment l’exemption de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service. Ces derniers se voient désormais soumis à l’obligation d’obtenir un visa pour se rendre en France.
Selon le communiqué officiel, « le gouvernement algérien constate que le discours français à ce sujet prend, semble-t-il, une tournure étrange et suspecte, caractérisée par des fuites médiatiques manifestes vers des médias soigneusement sélectionnés, orchestrées par les services du ministère français de l’Intérieur et la Direction générale de la police nationale française ».
L’Algérie déplore que la France, en matière de visa, ait choisi des voies officieuses pour diffuser des décisions qui devraient transiter par les canaux diplomatiques habituels. Le communiqué algérien souligne à ce sujet : « Il est clair que les décisions françaises sont désormais annoncées via ces canaux non officiels, en violation flagrante des usages diplomatiques convenus, et en transgression manifeste des dispositions de l’accord algéro-français conclu en 2013, relatif à l’exemption de visa pour les titulaires de passeports diplomatiques et de service. » Cette situation a conduit l’Algérie à convoquer à quatre reprises le chargé d’affaires de l’ambassade de France à Alger, sans qu’aucune explication claire ne soit fournie, ni instruction reçue par la représentation française, laissant l’Algérie dans une attente officielle non satisfaite.
En matière de visa, la relation entre l’Algérie et la France semble s’inscrire dans une spirale d’incompréhensions. Le gouvernement algérien insiste sur le fait que, jusqu’à présent, il n’a reçu « aucune notification officielle des autorités françaises par la seule voie valable dans les relations internationales, à savoir la voie diplomatique. » Cette absence de communication formelle renforce les soupçons d’un gel unilatéral par la France de l’accord bilatéral de 2013, dont l’Algérie rappelle qu’il avait été initié par la partie française elle-même.
Le contexte historique renforce la position algérienne. En 1986, la France avait unilatéralement instauré un régime de visa pour les ressortissants des deux pays. C’est également la France qui, à plusieurs reprises dans les années 1990, a proposé une exemption de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques, offre systématiquement rejetée par l’Algérie. Ce n’est qu’en 2007 que l’Algérie a accepté un premier accord bilatéral, avant qu’un nouvel accord, plus élargi, ne soit signé en 2013, encore une fois à l’initiative de la France.
Aujourd’hui, les tensions sont ravivées. Le communiqué algérien précise que « le gouvernement algérien souhaite confirmer officiellement que la partie française porte l’entière responsabilité des premières violations de l’accord de 2013. » Cette déclaration s’appuie sur les manquements observés par Alger, tant sur le fond que sur la forme. La France, en matière de visa, a donc été accusée de déroger à ses engagements, provoquant une riposte attendue et mesurée de la part de l’Algérie.
Dans cette optique, l’Algérie rejette « catégoriquement les allégations françaises selon lesquelles l’Algérie serait le premier à avoir manqué à ses obligations dans le cadre de l’accord de 2013 », qualifiant ces propos de « non fondés et dénués de tout fondement réel ». Le gouvernement algérien insiste sur sa position constante et cohérente sur la question de l’exemption de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques ou de service, rappelant qu’il n’en a jamais été demandeur.
À travers ce rappel historique et diplomatique, l’Algérie réaffirme sa volonté de respecter les accords internationaux mais souligne également qu’elle répondra, sur la question du visa, en appliquant le principe de réciprocité. En ce sens, la suspension de fait de l’accord de 2013 par la France entraînera une réaction proportionnée. L’Algérie note « ce qui équivaut à une suspension de fait de l’accord de 2013 par la France, sans respect des procédures légales prévues », et se dit prête à « répondre par une application stricte et rigoureuse du principe de réciprocité, proportionnelle au manquement de la partie française à ses engagements ».
À travers cette réaction, l’Algérie affiche sa détermination à défendre sa souveraineté et à maintenir un cadre équitable dans ses relations diplomatiques avec la France, notamment sur une question aussi sensible que celle du visa.