Un tournant stratégique se dessine dans les relations économiques entre l’Algérie et le Brésil, deux partenaires liés depuis 1962 par des relations bilatérales solides, aujourd’hui en voie d’expansion majeure. Lors du forum d’affaires algéro-brésilien organisé mardi 27 mai, l’intention du Brésil d’intensifier ses investissements en Algérie s’est traduite par une annonce forte : l’ambition d’établir une plateforme industrielle d’envergure sur le sol algérien, avec pour objectif de structurer des coopérations nouvelles dans des secteurs clés.
La Chambre de commerce extérieure du Brésil, agissant à travers son Conseil stratégique, a été officiellement mandatée pour entamer les négociations d’un futur accord de facilitation des investissements avec l’Algérie. Ce projet, visant à simplifier les procédures et sécuriser les flux d’investissements, pourrait constituer une étape décisive dans la construction d’une plateforme économique commune. L’ambassadeur brésilien en Algérie, Marco Vinícius Pinta Gama, a réaffirmé à cette occasion l’intérêt grandissant de son pays à voir émerger une plateforme opérationnelle en Algérie, capable de devenir un relais logistique et industriel pour les marchés régionaux et africains.
L’ambition est clairement de passer à une nouvelle phase de la coopération économique. Le Brésil ne souhaite pas uniquement exporter vers l’Algérie, mais véritablement implanter des unités industrielles via une plateforme intégrée en Algérie, en mettant en synergie les savoir-faire et les complémentarités entre les deux économies. Plusieurs secteurs ont été identifiés comme prioritaires pour accueillir ces futurs investissements : l’agroalimentaire, les équipements industriels, les transports et l’aviation civile. À travers cette stratégie, les opérateurs économiques brésiliens projettent de transformer l’Algérie en plateforme d’exportation et de production à forte valeur ajoutée.
Cette volonté de structuration s’appuie aussi sur des expériences concrètes. Le partenariat entre le groupe algérien Cevital et une entreprise brésilienne à Sétif a été cité comme exemple de réussite bilatérale. Ce modèle prouve que la création d’une plateforme industrielle en Algérie par des acteurs brésiliens n’est pas une simple idée, mais un objectif réalisable. Forts de ce précédent, les dirigeants brésiliens souhaitent élargir ce type d’initiatives sur tout le territoire national.
Dans un registre complémentaire, Marcel Moreira, représentant du ministère brésilien de l’Agriculture et de l’Élevage, a souligné l’importance que le Brésil accorde à la question de la sécurité alimentaire. Selon lui, l’Algérie occupe une place stratégique dans cette dynamique. Il ne s’agirait donc pas simplement de conquérir un marché de plus, mais d’identifier des partenaires stratégiques pour établir des chaînes de valeur communes via une plateforme agroalimentaire pérenne en Algérie. À ce titre, la participation brésilienne au Salon international de l’agriculture et de l’agroalimentaire SIPSA-FILAHA 2025 prend tout son sens. Elle témoigne d’un engagement réel à bâtir des ponts économiques durables, en faisant de l’Algérie un point d’ancrage pour le développement de nouvelles filières.
Pour le gouvernement algérien, cette opportunité pourrait s’inscrire dans une volonté de diversification de l’économie nationale, en attirant des investissements à forte intensité technologique et à impact direct sur l’emploi local. Si l’accord en cours de négociation se concrétise, il pourrait donner naissance à une plateforme industrielle en Algérie qui servirait de modèle pour d’autres partenariats sud-sud. Le forum d’affaires algéro-brésilien n’a pas seulement posé les bases d’une coopération renforcée, il a surtout donné un signal clair : l’Algérie attire, l’Algérie intéresse, et l’Algérie est prête à devenir une plateforme centrale dans les futures dynamiques d’investissement.