La Suisse a récemment adressé un camouflet à l’Algérie en rejetant une demande émanant du plus grand pays d’Afrique. C’est en effet ce dont fait part le média Swiss info.
En exil à l’étranger, les anciens ministres Abdeslam Bouchouareb et Chakib Khelil ont échappé à la prison en Algérie, à la différence de nombreux autres responsables et proches de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika.
Cependant, l’Algérie n’a pas abandonné la traque de ces deux hommes, et des demandes d’entraide judiciaire ont été envoyées à la Suisse à leur sujet. Des sources suisses indiquent que des décisions divergentes ont été prises pour chacun d’entre eux.
Abdeslam Bouchouareb, ancien ministre de l’Industrie, a été l’un des hauts responsables les plus sévèrement condamnés lors des procès anticorruption qui ont suivi le mouvement de contestation Hirak de 2019 et la démission de Bouteflika en 2019. Ses peines, cumulées dans différentes affaires, totalisent plus d’un siècle de prison.
Bien que la justice algérienne ait émis de nombreux mandats d’arrêt internationaux à son encontre, il reste introuvable, et son lieu de résidence demeure incertain. En mars 2020, l’ambassadeur suisse à Alger avait exprimé la volonté de son pays de coopérer sur les fonds détournés, en attente d’une demande algérienne. La requête contre Bouchouareb a été déposée en juin 2020, selon Swissinfo.ch.
La Suisse, en tant que place bancaire majeure, est susceptible de détenir une partie des fonds transférés depuis l’Algérie sous Bouteflika. Le pays a également ajusté sa législation en 2016 pour faciliter les entraides judiciaires.
En décembre 2021, un responsable du ministère de la Justice algérien avait annoncé l’émission de 150 commissions rogatoires pour traquer les fonds détournés. Un an plus tard, le ministre de la Justice, Abderrachid Tebbi, a indiqué que des biens d’une valeur totale de 20 milliards de dollars avaient été saisis en Algérie. Il a également affirmé que de nombreux pays étrangers avaient accepté de coopérer avec l’Algérie dans ce dossier.
Cependant, l’affaire prend une tournure particulière avec la Suisse qui a accepté de répondre à la demande algérienne concernant Abdeslam Bouchouareb tout en jugeant « irrecevable » celle concernant Chakib Khelil.
Ancien ministre de l’Énergie et ex-PDG de Sonatrach, Chakib Khelil a été poursuivi en 2013, réhabilité, puis de nouveau ciblé par la justice après la chute de Bouteflika. En janvier dernier, il a été condamné à 20 ans de prison par contumace pour des faits de corruption et de malversation. La Suisse a jugé la demande d’entraide concernant Khelil « irrecevable », la considérant non conforme aux exigences du droit suisse. L’Office fédéral de justice (OFJ) a transmis des demandes de renseignements complémentaires à l’Algérie en juin 2021, restées sans réponse malgré plusieurs rappels.
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