Le directeur général d’Air France KLM, Benjamin Smith, a exprimé son mécontentement face à la proposition du gouvernement français d’augmenter la taxe de solidarité sur les billets d’avion, qualifiant cette mesure d’« irresponsable ». Dans une interview accordée au Parisien le 19 janvier 2025, il a dénoncé l’impact potentiel d’une telle décision sur le secteur du transport aérien, particulièrement sur la compétitivité de la France en tant que destination touristique et sur l’avenir des compagnies aériennes opérant sur le territoire. Ce projet, qui vise à générer des fonds pour réduire le déficit budgétaire, a déjà suscité des réactions vives au sein de l’industrie, notamment de la part des fédérations aériennes.
Le DG d’Air France KLM a rappelé qu’une nouvelle taxe avait déjà été instaurée l’année précédente et a mis en garde contre le fait que cette augmentation pourrait faire de la France « le pays où le transport aérien est le plus taxé en Europe ». Il a ainsi souligné que l’initiative risquait d’avoir des conséquences néfastes pour le secteur, notamment pour les voyageurs, tout en diminuant l’attractivité de la France comme destination. Le secteur aérien, déjà confronté à des défis économiques importants, pourrait être sévèrement affecté par une telle augmentation des taxes, d’autant plus que les compagnies aériennes peinent à se remettre des impacts de la pandémie de COVID-19.
La taxe de solidarité sur les billets d’avion, appelée TSBA, est déjà un sujet de débat en France depuis plusieurs mois. Introduite dans un objectif de financement de la transition énergétique et de la réduction des émissions de CO2, elle a pour vocation de contribuer à des projets écologiques. La nouvelle ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a défendu cette mesure en la présentant comme une « mesure de justice fiscale et écologique ». Elle propose un triplement de cette taxe, ainsi qu’une augmentation de la taxation des passagers de jets privés, ce qui permettrait de récolter jusqu’à un milliard d’euros pour financer le déficit public. Toutefois, cette proposition, qui fait partie des projets budgétaires de l’exécutif, a été largement critiquée par les acteurs du secteur, qui la jugent contre-productive.
Les représentants des fédérations aériennes avaient déjà exprimé leur désaccord dès la semaine précédente, appelant à un réexamen de cette proposition et exigeant une concertation avec le gouvernement avant toute décision. Ils ont insisté sur le fait que le secteur aérien, déjà soumis à des taxes et régulations environnementales croissantes, ne pouvait pas supporter une nouvelle hausse. Selon eux, cette nouvelle taxe risque non seulement de peser sur les voyageurs, mais aussi de rendre les compagnies françaises moins compétitives par rapport à leurs concurrentes européennes et mondiales, qui pourraient bénéficier de coûts d’exploitation moins élevés.
Le DG d’Air France KLM a également ajouté que si une telle hausse devait être mise en œuvre, il serait important que les fonds générés par la taxe soient directement affectés à la décarbonation du secteur aérien. Cela inclurait, par exemple, des investissements dans des technologies plus écologiques, des carburants alternatifs ou des initiatives de réduction des émissions de CO2. Cette proposition vise à équilibrer les préoccupations écologiques et économiques, afin de garantir que les efforts de transition énergétique soient également bénéfiques pour le secteur aérien, qui joue un rôle clé dans l’économie mondiale.
Le débat sur la hausse de la TSBA illustre les tensions croissantes entre les impératifs économiques et environnementaux, et la question de savoir comment financer la transition écologique sans compromettre la compétitivité de secteurs stratégiques. Si la France cherche à se positionner comme un leader dans la lutte contre le changement climatique, les mesures fiscales proposées pourraient avoir des effets d’entraînement importants, non seulement pour le secteur aérien, mais aussi pour l’ensemble de l’industrie du tourisme. D’un autre côté, la nécessité de réduire le déficit public pousse le gouvernement à explorer toutes les options disponibles, y compris celles qui peuvent affecter directement les entreprises et les consommateurs.
À mesure que le gouvernement avance dans son projet, le secteur aérien continuera de suivre de près l’évolution de la situation. Les réactions de la communauté internationale, ainsi que l’impact réel de ces décisions sur la compétitivité du secteur, seront des éléments clés à prendre en compte dans les mois à venir. Le dialogue entre les autorités publiques et les acteurs économiques sera essentiel pour éviter des décisions précipitées et garantir que la politique fiscale menée ne nuise pas trop au développement du secteur du transport aérien en France.
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