Israel : Carrefour comptait se racheter vis à vis de l’Algérie en utilisant El Mordjene

El Mordjene Carrefour

Carrefour – La pâte à tartiner algérienne El Mordjene Cebon fait sensation en France, devenant un produit viral sur les réseaux sociaux. Avec des descriptions enthousiastes comme « une tuerie » et « incroyable », cette pâte attire l’attention des influenceurs, qui la recommandent à leurs abonnés malgré son prix élevé, atteignant parfois plus de 10 euros le pot. Les consommateurs se ruent dans les petits commerces pour dénicher ce produit devenu culte, créant ainsi une demande toujours croissante.

Cependant, cette popularité soudaine n’est pas bien vue par l’Union européenne. En effet, les autorités ont décidé d’interdire la commercialisation d’El Mordjene Cebon sur le territoire européen, invoquant des raisons sanitaires. Le ministère français de l’Agriculture a expliqué que l’Algérie ne remplissait pas les conditions nécessaires à l’exportation de produits laitiers vers l’UE. Selon leurs critères, ces marchandises ne respecteraient pas les exigences de sécurité alimentaire et de santé animale en vigueur. Cette annonce a provoqué une onde de choc parmi les fans de cette pâte à tartiner en France.

Face à cette situation, Carrefour a décidé de réagir en annonçant son intention de commercialiser la fameuse pâte algérienne El Mordjene dans le respect des réglementations européennes. L’enseigne a précisé qu’elle prévoyait de lancer El Mordjene Cebon dans ses rayons d’ici deux à quatre semaines, affirmant être en pourparlers pour s’assurer que toutes les normes seront respectées. Cette décision pourrait être interprétée comme une tentative du géant français de la distribution de racheter sa réputation vis-à-vis de l’Algérie, alors que la marque est critiquée pour son implication en Israël.

D’autres grandes enseignes comme Auchan, Aldi, Casino et Lidl ont, pour leur part, pris leurs distances, contrairement à Carrefour, déclarant qu’elles n’ont pas l’intention de vendre El Mordjene. Certaines d’entre elles ont affirmé ne pas être prêtes à prendre de risques concernant la légalité de cette pâte à tartiner. Le ministère français de l’Agriculture a d’ailleurs ouvert une enquête afin de comprendre comment El Mordjene Cebon avait réussi à pénétrer le marché français malgré les restrictions.

Le succès d’El Mordjene Cebon a en grande partie été porté par les réseaux sociaux, où des influenceurs comme Benoit Chevalier, suivi par plus de 11 millions de personnes, expriment leur admiration pour le produit. Ces personnalités jouent un rôle clé dans la promotion de la pâte à tartiner, créant une véritable frénésie autour de ce produit algérien qui rivalise désormais avec le leader incontesté du marché, Nutella.

Ce phénomène a également pris de l’ampleur en Algérie, où les habitants sont fiers du succès international de la pâte à tartiner. Des consommateurs, comme Hassen Mekid, parcourent des kilomètres pour s’en procurer, renforçant ainsi la notoriété du produit au niveau local. Les commerçants algériens témoignent eux aussi de l’engouement croissant, confirmant que les stocks s’épuisent rapidement.

Malgré ce succès, la marque Cebon, à l’origine du produit, reste humble. Son porte-parole, Amine Ouzlifi, a déclaré que la marque n’avait pas orchestré ce buzz, mais se réjouissait néanmoins de l’intérêt mondial que suscite la pâte à tartiner.

En dépit de cette montée en popularité, El Mordjene Cebon fait face à un concurrent de taille en France. Nutella, produit par Ferrero, domine largement le marché des pâtes à tartiner, détenant plus des trois quarts des parts. Certains observateurs, comme Mustapha Zebdi, président de l’association algérienne de protection des consommateurs (Apoce), estiment d’ailleurs que la décision de l’Union européenne d’interdire El Mordjene Cebon est influencée par la protection du Nutella. Il dénonce une « tentative de protéger leur produit bien-aimé » et promet de prendre des mesures pour défendre la pâte algérienne.

El Mordjene : la polémique enfle autour de Carrefour

Le 16 septembre 2024, Carrefour s’est retrouvé une fois de plus sous les projecteurs, non pas pour ses offres promotionnelles, mais pour son implication controversée dans les colonies illégales israéliennes. En dépit des nombreuses pressions exercées par des ONG, syndicats et associations, l’enseigne semble toujours impliquée dans des pratiques jugées contraires aux droits humains.

Face à une campagne de boycott croissante, Carrefour a récemment pris la décision de retirer discrètement ses produits des enseignes franchisées situées dans les colonies israéliennes. Si cette action pourrait être interprétée comme une victoire pour les militants pro-palestiniens, la réalité est bien plus nuancée. Selon les défenseurs de la cause, Carrefour n’aurait pas cédé à la pression morale, mais chercherait plutôt à redorer son image publique ternie par son association avec ces colonies jugées illégales par la communauté internationale.

Loin de couper tous ses liens avec Israël, Carrefour continue à soutenir indirectement les colonies à travers ses partenariats avec des entreprises locales. La multinationale française collabore en effet avec Electra Consumer Products et sa filiale Yenot Bitan, un acteur majeur du commerce en Israël, incluant les territoires palestiniens occupés (TPO). Ces accords, scellés en 2022 avec le soutien du gouvernement français, démontrent l’implication persistante de Carrefour dans des activités au sein des colonies, dénoncées par des ONG comme étant une forme de complicité dans la colonisation.

Bien que Carrefour ait annoncé le retrait de certains produits de ses franchises dans ces territoires, la chaîne de distribution continue à s’implanter « partout » en Israël, y compris dans les zones contestées, comme le soulignent les campagnes promotionnelles d’Electra Consumer Products.

En mai 2024, Carrefour a assuré à ses investisseurs qu’aucune de ses enseignes n’opérait sur les territoires palestiniens occupés, une déclaration rapidement réfutée par les faits. En réalité, Yenot Bitan, partenaire de Carrefour, possède des magasins dans plusieurs colonies majeures, telles qu’Ariel, Alfei Menashe et Ma’ale Adumim. De plus, certains de ces points de vente distribuent des produits provenant des colonies de Cisjordanie, renforçant ainsi la présence commerciale de Carrefour dans ces zones illégales selon le droit international.

Par ailleurs, la société Electra Ltd, une entreprise sœur d’Electra Consumer Products, participe activement à la construction et à l’entretien d’infrastructures au sein des colonies. Son rôle englobe divers secteurs, allant des transports à la distribution de l’eau en passant par les services de télécommunications. Cette implication directe dans la colonisation a valu à Electra Ltd d’être inscrite sur une liste de l’ONU en 2020, identifiant les entreprises complices de l’occupation israélienne.

Carrefour, pourtant signataire de nombreuses chartes éthiques, se targue de respecter la Déclaration universelle des droits de l’homme et le Pacte mondial des Nations unies. Cependant, son engagement sur le terrain semble contredire ces principes. L’implication de ses partenaires dans la colonisation des TPO met en lumière un double discours de la part du groupe, qui continue à justifier ses opérations sous couvert de légitimité commerciale.

En octobre 2023, une nouvelle controverse éclate lorsque Carrefour, par l’intermédiaire d’Electra Consumer Products, fait un don de milliers de colis destinés aux soldats israéliens. Cette action, révélée sur Instagram avant d’être rapidement supprimée, a généré une vague de colère sur les réseaux sociaux. Le groupe, sous la pression, a dû affirmer que ce soutien avait cessé, mais le mal était déjà fait. Les campagnes de boycott ont alors pris de l’ampleur, notamment grâce à des hashtags comme #BoycottCarrefour, largement partagés en ligne.

Ce n’est pas la première fois que Carrefour est épinglé pour son soutien à Israël. En 2014, l’enseigne avait déjà été critiquée pour avoir collaboré avec l’office du tourisme israélien dans le cadre d’une campagne visant à promouvoir les voyages vers le pays, occultant délibérément la réalité du peuple palestinien. Cette initiative marketing cherchait à associer Israël à des souvenirs agréables pour les consommateurs, tout en minimisant les exactions perpétrées lors du conflit de Gaza en 2009.

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