Dans un contexte diplomatique déjà fragile, le président Emmanuel Macron a rompu le silence en appelant au dialogue avec Alger, dans une tentative d’apaisement des tensions exacerbées par les récentes polémiques migratoires, au sujet desquelles le président algérien Abdelmadjid Tebboune a été catégorique. Lors d’une conférence de presse à Porto, il a insisté sur la nécessité de « réengager un travail de fond » avec l’Algérie, dénonçant les échanges par voie de presse comme « ridicules » et contre-productifs.
Ces dernières semaines, les relations entre la France et l’Algérie se sont détériorées, notamment après l’attentat de Mulhouse commis par un ressortissant algérien en situation irrégulière. Ce drame a relancé la question du respect des accords de 1994 sur la reprise des ressortissants expulsés. « Rien ne peut prévaloir sur la sécurité de nos compatriotes », a concédé le chef de l’État, tout en rejetant toute rupture unilatérale avec Alger. Il a rappelé que « les statistiques montrent qu’il y a un travail, une coopération qui existe » entre les deux pays, mettant en avant la nécessité de solutions concertées.
Le président français a également abordé la question des accords de 1968, qui accordent aux Algériens un statut migratoire spécifique en France. Alors que plusieurs figures politiques françaises, y compris le Premier ministre François Bayrou, ont évoqué une éventuelle remise en cause de ces accords, Emmanuel Macron a fermement tranché : « On ne va pas les dénoncer de manière unilatérale, ça n’a aucun sens. » Cette déclaration vise à désamorcer les tensions croissantes en évitant toute escalade pouvant compromettre les relations bilatérales.
Un autre sujet épineux pèse sur les relations franco-algériennes : la détention de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, arrêté en novembre pour des propos jugés attentatoires à l’intégrité territoriale de l’Algérie. Cette affaire symbolise les crispations entre les deux pays et soulève de nombreuses critiques en France. Emmanuel Macron a exprimé sa préoccupation quant à cette « détention arbitraire » et a plaidé pour sa libération, estimant qu’il s’agissait d’un geste nécessaire pour restaurer une « confiance pleine » entre Paris et Alger.
Macron : Tebboune a été catégorique
De son côté, le président algérien Abdelmadjid Tebboune avait récemment dénoncé le « climat délétère » entre les deux nations et exhorté Emmanuel Macron à « faire entendre sa voix » pour un retour au dialogue. Le chef de l’État français a répondu à cet appel en affirmant : « J’ai bien entendu les mots du président Tebboune », laissant entrevoir une volonté de relancer des discussions de haut niveau afin de sortir de l’impasse actuelle.
Si la relation entre Paris et Alger a toujours été marquée par des tensions héritées du passé colonial, cette crise migratoire constitue l’un des plus graves contentieux entre les deux nations ces dernières années. Le chef de l’État mise sur une approche diplomatique mesurée, tentant de maintenir une fermeté sur les enjeux de sécurité sans pour autant franchir le seuil de la rupture. Une posture délicate, alors que la pression monte aussi bien en France qu’en Algérie sur la gestion de ces dossiers sensibles.
L’Élysée espère désormais que ces efforts permettront d’apaiser les tensions et d’ouvrir la voie à un dialogue constructif. Reste à savoir si cette stratégie suffira à surmonter les différends persistants ou si les crispations actuelles continueront à envenimer les relations franco-algériennes.
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