« Je ressens une profonde injustice » : témoignage glaçant d’un Algérien de France

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Depuis plusieurs semaines, un discours politique insistant prétend que les Algériens en France bénéficieraient d’avantages administratifs particuliers. Ali (nom d’emprunt), Algérien établi en France depuis plusieurs années, a livré un témoignage à Politis pour rétablir la vérité et dénoncer ce qu’il considère comme une injustice flagrante.

« J’ai longtemps hésité à parler, compte tenu des tensions actuelles entre la France et l’Algérie. Mais il est essentiel de rendre visibles les difficultés que nous rencontrons, notamment en matière d’emploi. », affirme d’emblée l’Algérien de France, dans son témoignage. Ali est arrivé en France il y a huit ans, poussé par l’espoir d’un avenir meilleur à travers des études en licence puis en master. Rapidement, il s’est confronté à une réalité bien différente de ses attentes.

Comme de nombreux étudiants étrangers, il a cherché un emploi à temps partiel pour financer ses études. Mais il découvre rapidement une contrainte majeure : contrairement aux autres étudiants étrangers, les Algériens doivent obtenir une autorisation provisoire de travail pour exercer une activité salariée. Une formalité qui, en théorie, ne devrait pas être un obstacle insurmontable. En pratique, elle devient un véritable mur infranchissable.

L’Algérien établi en France raconte son expérience avec amertume, dans son témoignage. « J’avais toujours des entretiens. Ils se passaient bien, parfois même très bien. Je franchissais toutes les étapes : tests techniques, mises en situation, entretiens avec plusieurs interlocuteurs. Mais au moment où venait la dernière étape, celle de l’embauche formelle, tout s’effondrait. » La raison ? Son statut administratif. Chaque fois, le même scénario se répète : l’entreprise, séduite par ses compétences, hésite, recule, puis finit par abandonner, préférant contourner la lourdeur administrative.

Récemment encore, Ali a vécu une situation absurde. « J’avais passé tous les entretiens. Après un dernier échange avec la responsable RH, elle me disait clairement que j’étais pris. Le lendemain, je recevais même un mail de bienvenue. » Serein, il envoie les documents nécessaires à la rédaction de son contrat. Puis, le couperet tombe. « Un jour après, je reçois un mail où l’entreprise se rétracte, expliquant qu’elle ne souhaite pas entreprendre ce genre de démarches. » Une justification qui ne laisse aucun doute sur la raison réelle du refus.

Ce genre de discrimination voilée est monnaie courante, selon Ali. « D’ordinaire, ils ne l’écrivent pas noir sur blanc, car ce n’est pas légal. Mais cette fois, ils l’ont fait, ce qui prouve bien que la complexité administrative est un frein réel à l’embauche des Algériens. » Cette expérience n’est pas un cas isolé. Ali cite plusieurs exemples similaires vécus par d’autres compatriotes. « Même quand un employeur est prêt à faire les démarches, c’est la préfecture qui bloque. »

Un autre épisode l’a particulièrement marqué. Alors qu’il était en master, il décroche une alternance dans une grande entreprise. L’équipe RH, initialement favorable, engage la procédure d’autorisation de travail. Mais trois mois plus tard, toujours aucun retour de la préfecture. « Le contrat avait commencé depuis deux mois, mais mon dossier n’était même pas traité. L’entreprise a fini par abandonner et prendre quelqu’un d’autre. » Cette lenteur administrative finit par dissuader les employeurs, condamnant de nombreux jeunes à une précarité injustifiée.

« À chaque refus, c’est un mur invisible qui se dresse devant moi. Ce n’est ni mon diplôme, ni mes compétences, ni mon sérieux qui posent problème, mais simplement mon statut d’Algérien. C’est une profonde injustice. » Derrière ces paroles se cache une grande détresse. « Je ressens un rejet que je ne peux pas comprendre. Je fais tout pour m’intégrer, je joue selon les règles, et malgré cela, on m’empêche d’avancer. »

Ali vit avec cette angoisse permanente. Chaque recherche d’emploi devient une épreuve psychologique, chaque entretien un espoir vite déçu. « Je suis dans un cercle vicieux : sans travail, pas de stabilité financière. Sans stabilité, pas d’avenir. » Il espère que son témoignage pourra briser le silence et faire prendre conscience de cette réalité méconnue, loin des idées reçues véhiculées par certains discours politiques.

« Ce que je veux, c’est juste avoir les mêmes chances que les autres. Ni plus, ni moins. Je ne veux pas de privilèges, seulement la possibilité de prouver ma valeur et de construire mon avenir en toute dignité. »

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