La finance islamique connaît une ascension fulgurante en Algérie, prenant de court de nombreux observateurs et acteurs économiques. Avec un volume de dépôts avoisinant les 900 milliards de dinars, elle s’impose désormais comme un pan incontournable du secteur bancaire national, représentant près de 6% du marché. Cette croissance spectaculaire est notamment portée par l’intérêt croissant des citoyens et des entreprises pour des solutions financières conformes aux principes de la charia.
Sofiane Mazari, chef de la division Finance islamique au Crédit Populaire d’Algérie (CPA) et membre de l’Association des diplômés de l’Institut de financement du développement du Maghreb arabe (Ifid), a confirmé cette tendance lors d’une rencontre annuelle organisée par l’association. Il a mis en avant les efforts déployés pour renforcer le cadre juridique et l’attractivité de cette finance alternative. Le lancement prochain des sukuk islamiques, prévu par la loi de finances 2025, constitue une étape décisive. Ces obligations conformes à la finance islamique ouvriront la porte à de nouveaux investisseurs, qu’ils soient institutionnels, économiques ou particuliers.
L’émission des sukuk souverains par le Trésor public est perçue comme un tournant majeur, permettant de diversifier les sources de financement des infrastructures et des projets de développement. Au-delà du secteur public, les entreprises privées auront également la possibilité d’émettre leurs propres sukuk corporate afin de mobiliser des capitaux pour financer leurs activités. Cette dynamique devrait encourager les investissements et offrir une alternative aux financements traditionnels, souvent perçus comme inaccessibles ou inadaptés à certains secteurs.
Hichem Kacimi El Hassani, directeur de l’orientation à la Banque Al Salam Algérie, a souligné le rôle central que joueront ces instruments financiers dans le développement économique du pays. Selon lui, l’introduction des sukuk islamiques s’inscrit dans une évolution naturelle de la finance islamique en Algérie, qui ne cesse de gagner du terrain. Il a mis en exergue la variété des formes de sukuk disponibles à l’international, telles que les sukuk Idjara, Moucharaka, Mourabaha, Moudaraba, Salam et Istisna’a, qui pourront être adaptées au contexte local.
L’essor de la finance islamique ne repose pas uniquement sur les sukuk. L’ouverture de fenêtres islamiques au sein des banques traditionnelles, la création de banques entièrement dédiées à cette finance alternative, ainsi que le développement des assurances takaful ont également contribué à la consolidation de ce marché. Le cadre législatif a été progressivement renforcé pour assurer une régulation efficace et encourager les investissements.
Parallèlement, la mise en place de l’Office national des wakfs et de la zakat traduit la volonté des autorités d’encadrer et d’optimiser l’utilisation des fonds issus des dons et des contributions volontaires. Ce dispositif vise à structurer un pan essentiel de la finance islamique et à garantir une redistribution équitable et transparente des ressources.
Face à cet engouement croissant, de nombreux défis subsistent. La nécessité d’une formation accrue des professionnels du secteur, l’harmonisation des réglementations et l’adaptation des produits financiers aux attentes des différents acteurs économiques sont autant d’enjeux à relever. Toutefois, la finance islamique semble avoir trouvé en Algérie un terreau fertile pour son développement, au point d’en faire un véritable levier de croissance à l’avenir.
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