La France brandit à nouveau la menace des visas contre les Algériens 

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La France semble à nouveau brandir l’arme des visas contre les Algériens, ravivant un débat aussi récurrent que sensible. Depuis plusieurs années, les tensions entre Paris et Alger s’articulent autour de cette question épineuse, oscillant entre restrictions et gestes d’apaisement selon les impératifs du moment. Mais cette fois, le contexte est différent, marqué par des enjeux sécuritaires et politiques qui donnent à cette décision une dimension particulière.

L’attentat de Mulhouse du 22 février a agi comme un catalyseur, propulsant la question migratoire au cœur des préoccupations du gouvernement français. Dans ce climat de crispation, la réunion interministérielle sur l’immigration prévue mercredi s’annonce décisive. La porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, a déjà donné le ton sur RTL en laissant entendre que la réduction du nombre de visas accordés aux Algériens était une option sérieusement envisagée. Si cette annonce n’a rien d’inédit, elle résonne cette fois avec une intensité nouvelle, alors que la France cherche à durcir sa politique migratoire.

Historiquement, les relations entre la France et l’Algérie sont marquées par une complexité singulière. L’accord bilatéral de 1968 accorde aux Algériens un statut particulier en matière de séjour, une exception qui a souvent été perçue comme une épine dans le pied des gouvernements successifs. En 2021, Paris avait déjà drastiquement réduit le nombre de visas accordés aux ressortissants algériens, marocains et tunisiens, invoquant le manque de coopération des autorités locales en matière de retour des migrants en situation irrégulière. Cette mesure avait provoqué une vive réaction d’Alger, qui y voyait une décision unilatérale et une remise en cause des liens historiques entre les deux pays.

Cette fois encore, la volonté affichée du ministre de l’Intérieur de revoir les conditions d’attribution des visas s’inscrit dans une logique de fermeté. Certains responsables politiques plaident pour un véritable « rapport de force » avec Alger, estimant que seule une pression accrue pourra amener les autorités algériennes à coopérer davantage en matière d’expulsions. D’autres, au sein même du gouvernement, se montrent plus prudents, craignant des répercussions diplomatiques et économiques. Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, s’oppose à une approche trop brutale et insiste sur la nécessité d’un dialogue équilibré avec l’Algérie.

Au-delà des considérations politiques, cette éventuelle réduction des visas par la France pour les Algériens pose une question fondamentale : qui en paiera le prix ? Car derrière ces décisions se cachent des réalités humaines souvent ignorées. Étudiants, entrepreneurs, familles en quête de rapprochement… Nombreux sont les Algériens dont l’avenir dépend de l’obtention d’un visa. Pour beaucoup, ces restrictions sont perçues comme une injustice, une double peine infligée à une diaspora déjà confrontée à de nombreux obstacles administratifs.

Les réactions ne tarderont sans doute pas à se faire entendre, que ce soit du côté des autorités algériennes ou au sein de la communauté franco-algérienne, qui voit dans ces annonces une stigmatisation récurrente. Car si la question de l’immigration est un enjeu légitime, son instrumentalisation à des fins politiques soulève de nombreuses interrogations. Faut-il sacrifier des relations bilatérales au profit d’un durcissement des règles migratoires ? La France a-t-elle réellement intérêt à tendre davantage ses rapports avec un partenaire aussi stratégique que l’Algérie ?

En attendant les conclusions de la réunion interministérielle, une certitude demeure : le dossier des visas restera un levier diplomatique utilisé au gré des tensions et des intérêts du moment. Une épée de Damoclès suspendue au-dessus des relations franco-algériennes, oscillant entre fermeté et concessions dans un jeu d’équilibre toujours délicat.

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