« La France doit indemniser financièrement l’Algérie », selon Thomas Guénolé

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Le débat autour des réparations financières liées aux crimes coloniaux de la France en Algérie refait surface, alimenté par des déclarations récentes et des comparaisons internationales. Plus de soixante ans après l’indépendance de l’Algérie, cette question reste un point de friction dans les relations entre Paris et Alger, mettant en lumière les cicatrices encore ouvertes d’un passé douloureux. Si l’Algérie n’a jamais officiellement réclamé d’indemnisation, le sujet continue de susciter des discussions intenses des deux côtés de la Méditerranée.

C’est Thomas Guénolé, politologue et ancien membre de La France Insoumise, qui a ravivé la polémique. Lors d’une intervention sur Sud Radio, il a affirmé que « la France doit financièrement indemniser l’Algérie ». Une déclaration qui a provoqué de vives réactions, mais qui s’appuie sur des faits historiques accablants. Guénolé a notamment évoqué les atrocités commises lors de la conquête de l’Algérie au XIXe siècle, des violences qui auraient coûté la vie à un tiers de la population algérienne de l’époque, soit environ un million de personnes. Les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata en 1945, ainsi que l’application du Code de l’indigénat, qualifié par Guénolé d’« Apartheid à la française », font également partie de son argumentaire.

Pour étayer sa position, il a pris pour exemple l’Allemagne, qui a récemment reconnu ses responsabilités dans les massacres commis en Namibie au début du XXe siècle. Berlin a versé 1,1 milliard d’euros à la Namibie dans un geste de réparation, une initiative saluée sur le plan international. Selon Guénolé, ce précédent devrait inspirer la France, qui pourrait ainsi franchir un pas significatif dans la reconnaissance de ses crimes coloniaux en Algérie.

En France, la question des réparations financières reste cependant un tabou. Les efforts de réconciliation entre les deux pays, portés par Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, se sont concentrés sur des gestes symboliques et des initiatives mémorielles. Le rapport Stora, remis en 2021, a proposé des actions visant à apaiser les tensions, comme la restitution des crânes de résistants algériens ou la création d’une commission mixte d’historiens. Mais ce document n’a pas abordé la question des réparations, un silence qui, pour beaucoup, laisse un vide dans le processus de réconciliation.

Abdelmadjid Tebboune, de son côté, a multiplié les déclarations fortes. Il a évoqué les conséquences des essais nucléaires français dans le Sahara, des explosions dont les effets continuent d’affecter les populations locales. Il a également qualifié les crimes coloniaux de « génocide », réaffirmant l’importance de la reconnaissance historique. Ces propos, bien qu’appuyés par une partie de l’opinion publique algérienne, soulèvent des interrogations sur la faisabilité et les implications d’une demande formelle de réparations.

L’Algérie, pays où la mémoire de la colonisation reste vive, est traversée par des courants d’opinion variés sur ce sujet. Certains estiment que des indemnisations financières seraient une étape nécessaire pour solder définitivement le passé. D’autres privilégient une reconnaissance symbolique et des initiatives concrètes, comme le soutien aux zones affectées par les essais nucléaires ou la mise en place de programmes éducatifs bilatéraux.

En France, la position officielle reste prudente. La reconnaissance des crimes coloniaux est un exercice d’équilibre politique, souvent perçu comme risqué sur le plan intérieur. Pourtant, les discussions autour des réparations pourraient offrir une opportunité de tourner une page douloureuse, tout en renforçant les liens entre les deux pays. Les exemples internationaux, qu’il s’agisse de l’Allemagne ou d’autres anciens empires coloniaux, montrent que de telles démarches, bien qu’ardues, peuvent être porteuses de réconciliation et de progrès.

Au-delà des enjeux politiques et financiers, ce débat soulève une question fondamentale : comment réconcilier des mémoires blessées et bâtir un avenir commun ? Si l’histoire ne peut être réécrite, elle peut être reconnue, assumée et transformée en un levier pour la coopération et la compréhension mutuelle. Mais pour cela, il faudra du courage, de part et d’autre, pour affronter un passé qui, malgré les décennies, continue de peser sur le présent.

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